Rites d'automne by Dan OBrien

Auteur:Dan OBrien [OBrien, Dan]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Animaux
Publié: 2012-12-16T16:46:45+00:00

Ce n’est pas tous les jours qu’on obtient les conditions idéales pour un vol à l’essor. Si les courants ascendants semblent se déclencher pour des raisons très diverses, le plus beau de ces courants d’air se produit à la suite d’une variation de la température terrestre, comme sur un champ récemment labouré au bord d’une étendue d’eau. L’air se rafraîchit au-dessus de l’eau, s’alourdit et s’élève au-delà du champ. Du fait de l’absorption solaire, la terre sombre est plus chaude. Elle réchauffe l’air et crée ainsi un courant thermique qui peut s’élever à plusieurs kilomètres de la surface terrestre avec une puissance et une vitesse vertigineuses. Ce genre de flux thermique peut aussi bien survenir par temps venteux que par temps calme, mais un climat stable augmente les chances de voir votre pèlerin rester dans les parages. Ces courants peuvent évoluer avec le vent et un faucon peut dériver malgré lui à plusieurs kilomètres de son point de lâcher. Il peut rester à des milliers de mètres d’altitude sans même battre des ailes et se retrouver à cent soixante kilomètres de l’étang à canards qu’il devait prendre pour cible. Monter à l’essor a un effet hypnotique sur les faucons pèlerins. Ils s’en délectent, préférant parfois cela à la nourriture et ils risquent de ne pas redescendre au leurre ou pour fondre sur un gibier débusqué. C’est dans ces instants que le pèlerin manifeste son véritable instinct sauvage et que son lien à la Terre est le plus fragile.

Nous avons donc attendu, avec un mélange de plaisir et de frayeur, l’instant idéal. Trois jours après mon ascension du sommet de Bear Butte, je me suis réveillé face à un immense soleil jaune qui pointait à l’horizon. Il faisait déjà doux à 7 heures et à 10 h 30, le vent ne s’était toujours pas levé. Dolly avait été mise au bloc tôt ce matin-là et nous avons localisé un groupe de canards chipeaux et colverts sur un étang au beau milieu d’une parcelle de terre sans clôture ni fils électriques sur un rayon d’un kilomètre. À 11 heures, j’ai déchaperonné Dolly près du pick-up, à cinquante mètres de l’étang. Elle a eu l’air surprise. C’était la première fois que je la faisais voler de si bonne heure par une belle journée car j’avais toujours eu peur de la perdre à l’essor. Et voilà pourtant que j’allais l’y inciter.

Elle a quitté mon poing avec lourdeur. Il était trop tôt pour qu’elle soit tiraillée par la faim et il faisait trop chaud pour qu’elle se sente enivrée par l’air piquant. L’air chaud, lorsqu’il est stable, porte moins facilement que l’air vif d’une fin d’après-midi et Dolly battait des ailes paresseusement au-dessus de nos têtes. Lorsqu’elle a vu que nous ne brandirions rien d’intéressant à son attention, elle s’est éloignée lentement vers le nord. Elle n’avait pas encore repéré l’étang et, bien que Jake soit assis à mes côtés comme à son habitude, elle ne devait pas comprendre ce qu’elle était censée faire. Avec

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