Retour à Brideshead by Evelyn Waugh

Retour à Brideshead by Evelyn Waugh

Auteur:Evelyn Waugh [Waugh, Evelyn]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782221103838
Google: ron-GgAACAAJ
Éditeur: Robert Laffont, Pavillons


En me laissant avec Sebastian à Brideshead. Julia était allée séjourner chez une de ses tantes, Lady Rosscommon, dans sa villa du Cap-Ferrat. Tout le long du chemin elle avait longuement médité le problème de son mariage. Elle avait donné un nom à son diplomate veuf ; elle l’appelait « Eustache », et à dater de ce moment il devint pour elle une cible à plaisanteries secrètes, une sorte de bonne petite blague intérieure et intraduisible pour les autres, de telle sorte que lorsque enfin un tel personnage se trouva réellement sur son chemin – bien qu’il ne s’agît pas d’un diplomate mais d’un major mélancolique des cuirassiers du Roi – et s’éprit d’elle au point de lui offrir précisément ce dont elle avait toujours rêvé, elle l’envoya promener et le rendit à ses mélancolies quelque peu accrues, car entre-temps elle avait fait la connaissance de Rex Mottram.

L’âge de Rex militait grandement en sa faveur, car parmi les amies de Julia régnait une sorte de snobisme de la gérontophilie ; on y tenait les jeunes hommes pour gauches et boutonneux ; on y estimait beaucoup plus chic de paraître seule au Ritz pour le lunch – privilège, d’ailleurs, qui n’appartenait qu’à très peu de jeunes filles en ce temps-là, qu’au cercle minuscule des amies intimes de Julia ; privilège que considéraient avec doute les personnes âgées qui marquaient les points en bavardant le long des murs des salles de bal – seule au Ritz pour le lunch, à la table sur la gauche en entrant, en compagnie d’un vieux roué parcheminé et couvert de rides contre lequel on avait mis en garde votre mère lorsqu’elle était encore jeune fille ; oui, beaucoup plus chic que de se montrer au centre du salon du Ritz en compagnie d’un groupe de jeunes pur-sang exubérants. Rex à vrai dire n’était ni parcheminé ni couvert de rides ; ses aînés le tenaient pour un jeune goujat fort arriviste, mais Julia flairait en lui le chic qui ne trompe pas – l’odeur que laissaient sur lui ses fréquentations, les parties de golf avec le prince de Galles, la table d’honneur du Sporting, le deuxième magnum et le quatrième cigare, le chauffeur que l’on laissait à la porte attendre durant des heures sans se soucier de lui, toutes les qualités que ses amis lui envieraient. Socialement il jouissait d’une position unique ; une position pleine de relents de mystère, voire même de crime ; on racontait que Rex ne sortait jamais qu’armé. Julia et ses amies avaient une répugnance qui tenait de la fascination pour ce qu’elles appelaient « Pont Street » ; elles collectionnaient le genre d’expressions qui condamnaient à l’enfer mondain ceux qui les utilisaient et entre elles – souvent aussi, de façon déconcertante, en public – parlaient un langage fait de ces phrases mises bout à bout. C’était « Pont Street » que de porter une chevalière et de sortir un cornet de bonbons au chocolat au théâtre ; c’était « Pont Street », que de dire au bal : « Puis-je aller



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