Rayons pour Sidar by Stefan Wul

Auteur:Stefan Wul [Wul, Stefan]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: FNA 0090
Publié: 1957-01-26T23:00:00+00:00

Quand Lionel sortit de sa retraite, le paysage lui parut lavé à grande eau. Les pics noirs et luisants étincelaient dans le soleil du matin. Une brume irisée estompait les profondeurs du val et le sol de krofo humide drapait un excentrique décor de fonte des neiges au pied des arbres chargés de feuilles.

Lionel débrancha le sac de sa pile et l’assujettit sur son dos. Rendu prudent par les dangers de la nuit précédente, il garda son arme à la main et, après avoir consulté la carte, marcha en direction d’une faille entaillant la montagne.

Au bout d’un quart d’heure, il s’engageait dans une gorge entièrement tapissée de mousses vertes et marchait dans un décor d’étoffe où, parfois, un roc poli paraissait un géant bijou présenté dans le velours.

Tout n’était que silence, la mousse étouffant les bruits. A longs pas élastiques sur le sol rembourré, Lionel avait l’impression d’avancer dans un rêve.

Le vacarme qui l’accueillit à la sortie de la gorge ne l’en surprit que davantage. Le bruit montait d’en bas. Il baissa les yeux et aperçut un village sidarien blotti dans un cirque. Les androïdes aux pattes d’autruche menaient un grand tapage soutenu de « nananas » assourdissants poussés par les femmes.

La tribu tournait en rond autour d’une idole grossière plantée sur la place du village : une simple perche surmontée d’une calebasse brillante ornée de feuillage.

Un grand vieillard maigre et couvert d’oripeaux menait le jeu. Il sautait sur place devant les danseurs, tournait comme un derviche, levait les mains vers l’idole en signe d’adoration. Le tumulte devint assourdissant, atteignit l’insoutenable et cessa d’un seul coup.

Deux jeunes hommes se détachèrent de la foule immobile et coururent vers les maisons délabrées. Quand ils sortirent, l’un d’eux portait une longue échelle, l’autre une jarre pleine de fruits d’arbres à crosses.

Une dizaine de Sidariens s’emparèrent de l’échelle et la dressèrent debout devant l’idole. Le vieillard, prêtre ou sorcier, prit la jarre et grimpa lestement jusqu’à la calebasse ornée de feuillage. Une à une, il introduisit lentement les crosses vertes dans la calebasse. Le fond de celle-ci devait être percé car les fruits retombaient en morceaux sur le sol, salués de « nananas ». Pourquoi en morceaux ?

Sans curiosité particulière pour les détails du rite, Lionel se mit à descendre la pente qui menait au village. Il se sentait heureux de rencontrer pour la première fois depuis longtemps une communauté à peu près humanoïde.

Quand il fut à mi-pente, un caillou détaché par son pied roula jusqu’aux Sidariens. Ceux-ci levèrent la tête et l’aperçurent. Lâchant la cérémonie, ils se précipitèrent à sa rencontre en riant et en poussant d’hospitaliers nananas.

L’échelle abandonnée oscilla et le grand vieillard n’eut que le temps de sauter de lui-même à terre pour ne pas tomber à plat. Il détacha de sa hanche une espèce de porte-voix d’écorce et hurla une phrase farcie de diphtongues et d’h aspirés. Son autorité devait être assez établie car les Sidariens stoppèrent et revinrent l’aider à grimper le premier au devant de Lionel.

Celui-ci était presque

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.