Qui n'est pas raciste ici ? by Akli Tadjer

Auteur:Akli Tadjer [Tadjer, Akli]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: JC Lattès
Publié: 2019-03-27T23:00:00+00:00

Dans les cités, comme celle de mon enfance, les Italiens, les Portugais, les Arméniens, les Juifs, et les Gaulois ont été remplacés par de nouveaux migrants exclusivement africains et maghrébins. On a créé des ghettos de marginaux et de désœuvrés ; aujourd’hui on récolte ce qu’on a semé : une voyoucratie née du trafic de la drogue, et l’islam politique s’est engouffré dans la brèche. Des associations et des lieux de culte ont poussé comme des champignons. Ils sont dirigés par des imams salafistes low cost qui ont la certitude de détenir la vérité, ce qui les rend encore plus dangereux. Ils ordonnent ce qui est hallal (licite) et ce qui ne l’est pas. Il n’est évidemment pas question d’égalité des sexes. Un homme vaut un homme. Une femme vaut une femme. La mixité à l’école est jugée contraire à leurs principes. Une femme malade ne peut être examinée que par une femme médecin, et j’en oublie tant et tant.

Quant aux hadiths (règles de conduite morale prescrites par le prophète), ils les interprètent, sur-interprètent à leur sauce. J’ai entendu un imam sur une de leurs radios locales qui recommandait aux hommes de ne pas porter des bijoux en or parce que cela provoque des cancers de la peau. Je savais les Arabes très en avance sur leur temps concernant la médecine mais pas au point d’avoir trouvé au VIIe siècle l’antidote miracle à cette maladie. Chapeau. Je pourrais citer d’autres hadiths détournés de leur sens, tout aussi cocasses, mais le sujet ne m’amuse pas.

Des boucheries, des supermarchés hallal, des boutiques de fringues islamiques ont supplanté les petits commerces de proximité. Les derniers Français de souche, devenus minoritaires, ont déguerpi pour s’exiler, plus loin, en bout de ligne du RER. Ça a été un crève-cœur pour ces petites gens de partir de chez eux car, en banlieue, on est d’un quartier comme on est d’un pays.

Dans certains endroits, les familles n’ont plus de contact avec le monde extérieur. C’est ainsi qu’on peut entendre des phrases totalement hallucinantes sorties de la bouche de leurs jeunes enfants. Des phrases que j’ai entendues de mes propres oreilles.

« W’Allah, sur la vie du Saint Coran, je vais le niquer cet enfoiré de koufar. »

Le koufar dont il parle a toutes les chances d’être Abdel, son voisin de palier, qui lui renverra la même insulte. (Pour l’intégriste, le koufar est un mécréant, un quasi sous-homme.)

Plus comique ou plus pathétique, c’est selon : « W’Allah, sur la vie du Saint Coran, j’ai regardé Koh Lanta, y avait une fille qui chauffait tous les mecs. Moi aussi. J’aurais pas dû chouffer cette émission, c’est h’ram (péché). Allah va me massacrer quand j’vais tomber entre ses mains. »

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