Protection by Sylvie Payette

Auteur:Sylvie Payette [Sylvie Payette]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Les Éditions Québec Amérique
Publié: 2017-03-15T04:00:00+00:00

Chapitre 17

J’ai pu parler avec Logan à l’écart des autres. Il souhaitait que je continue à garder le secret au sujet des branches de temps qui pouvaient s’effacer. Je lui ai avoué que je n’avais pas pu m’empêcher d’en glisser un mot à Kim, mais il allait la convaincre de ne rien dire. Il fallait conserver notre calme pour avancer. Si nous tentions de trouver le chemin du retour dans l’angoisse, la pression trop forte nous empêcherait d’y voir clair.

Il avait raison. Nous étions déjà assez inquiets dans ce monde, il ne fallait pas y rajouter la peur de disparaître. Je lui ai demandé s’il savait que le Dragon des mers me cherchait. Il m’a dit en avoir entendu parler et il ne comprenait pas plus que moi ce qu’il me voulait. Logan trouvait aussi que c’était beaucoup trop d’énergie investie pour une simple vengeance.

— Voilà ! C’est là où nous en sommes ! Toujours plus de questions et très peu de réponses, a résumé Logan. Au moins, nous avons trouvé le baron. Nellie, je voulais te dire : n’oublie pas qui tu es. Garder la tête froide représente la plus grande difficulté de notre épreuve. Il me semble que tu te montres un peu insouciante et que tu oublies facilement que tu ne viens pas d’ici.

— Je te rassure, je ne l’oublie pas. Mais je ne comprends pas pourquoi j’ai l’impression d’être le point de mire dans toutes ces histoires.

— J’admets mon erreur, je n’aurais pas dû te laisser aller au bal. Tu as attiré les regards… En t’approchant ainsi de la famille royale, tu fais des jaloux.

— Tu as raison… Je ne me rends pas bien compte de l’importance du prince Armand dans cet univers.

— Bon, va le retrouver avant qu’il s’inquiète… Mais souviens-toi…

— … C’est une histoire impossible, je sais… merci, l’ai-je arrêté.

Je suis retournée au salon, où Armand m’attendait en répondant à son courrier. Il était assis au bureau, concentré sur ce qu’il écrivait. Il ne faisait pas encore nuit, mais les rideaux en lourd velours sombre étaient tirés et mon amoureux avait allumé une simple lampe près de lui. L’effet était saisissant. J’ai pu m’approcher discrètement. La lumière éclairait son profil et on aurait dit une toile de la Renaissance, un Georges de La Tour. Il s’agissait d’un artiste qui peignait les gens du tableau comme s’ils étaient éclairés à la chandelle. C’était le peintre préféré de mon père.

En y regardant bien, peut-être Armand ressemblait-il plus au prince d’un manga. Ce mélange d’ancien et de moderne lui donnait cet aspect particulier qu’ont les personnages des séries asiatiques.

Quand il m’a vue, un sourire a illuminé son visage d’un coup. Il s’est levé et m’a prise par la taille pour m’entraîner vers un petit salon juste à côté.

— C’est fascinant ce qu’invente le baron de Vimy, tu ne trouves pas ?

— Oui, mais je n’y comprends malheureusement pas grand-chose, ai-je répondu.

— Tes amis ont beaucoup de plaisir avec lui et je t’avoue que je me sens moins seul quand ils sont là. Depuis mon arrivée dans la région, c’est la première fois que je te vois.

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