Prince Caspian by Lewis C.S

Auteur:Lewis,C.S. [Lewis,C.S.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
ISBN: 2070546454
Éditeur: AlexandriZ
Publié: 1951-01-05T18:32:30+00:00

CHAPITRE 9

CE QUE VIT LUCY

CHAPITRE 9

CE QUE VIT LUCY

Susan et les deux garçons en eurent complètement assez de ramer bien avant de doubler le dernier cap et d’entreprendre la remontée des eaux de Cristal ; Lucy, elle, avait mal à la tête, après ces longues heures passées en plein soleil, face à l’éclat aveuglant de l’eau. Trompillon lui-même avait envie que le voyage se termine. Le siège sur lequel il était assis pour tenir le gouvernail avait été fait pour des hommes, non pour des nains, et ses pieds ne touchaient pas le plancher ; et tout le monde sait à quel point cette position est inconfortable, même pour dix minutes. Et, puisqu’ils étaient tous de plus en plus fatigués, leur courage diminua, Jusqu’alors, les enfants avaient seulement pensé aux moyens de rejoindre Caspian. À présent, ils se demandaient ce qu’ils feraient lorsqu’ils le trouveraient ; ils se demandaient aussi comment une poignée de nains, et quelques créatures des bois, pourraient battre une armée d’humains adultes.

Le crépuscule tombait quand ils remontèrent, en ramant doucement, les méandres du ruisseau des eaux de Cristal, un crépuscule qui s’assombrit encore lorsque les deux rives se rapprochèrent, et que les arbres qui les surplombaient se touchèrent presque au-dessus de leurs têtes. Tout était très silencieux dans ce tunnel, maintenant que le bruit de la mer s’était atténué derrière eux ; ils pouvaient distinguer le ruissellement des minuscules filets d’eau qui jaillissaient dans la forêt et se jetaient dans les eaux de Cristal.

Ils descendirent finalement à terre, beaucoup trop fatigués pour essayer d’allumer un feu ; et un dîner de pommes (bien que presque tous eussent le sentiment qu’ils ne pourraient plus jamais voir une pomme de leur vie !) leur parut néanmoins préférable à toute tentative d’attraper, ou de tirer, quelque chose. Après avoir mastiqué en silence, ils se couchèrent, serrés les uns contre les autres, sur de la mousse et des feuilles sèches, entre quatre grands hêtres.

Tout le monde, à l’exception de Lucy, s’endormit immédiatement. Lucy, qui était nettement moins fatiguée, eut du mal à trouver une position confortable. Et puis elle avait complètement oublié que les nains ronflaient. Elle savait que l’un des meilleurs moyens pour s’endormir est de ne pas s’y efforcer, et c’est pourquoi elle ouvrit les yeux. Par une trouée entre les fougères et les branchages, elle aperçut une parcelle d’eau dans le ruisseau reflétant le ciel juste au-dessus. Et, avec l’émotion du souvenir, elle revit, après toutes ces années, les brillantes étoiles de Narnia. Autrefois, elle avait appris à les connaître beaucoup mieux que les étoiles de notre monde, parce que, reine à Narnia, elle se couchait nettement plus tard qu’enfant, en Angleterre. Et les voilà qui scintillaient de nouveau : trois des constellations de l’été, au moins, étaient visibles de l’endroit où Lucy était allongée : le Vaisseau, le Marteau et le Léopard.

— Cher vieux Léopard ! murmura-t-elle joyeusement pour elle-même.

Au lieu de s’assoupir, elle était de plus en plus réveillée : c’était un étrange état de vigilance nocturne, un peu comme dans un rêve ! Le ruisseau brillait de plus en plus.

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