Prendre un papa par la main (French Edition) by Tristane BANON

Prendre un papa par la main (French Edition) by Tristane BANON

Auteur:Tristane BANON [BANON, Tristane]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature
ISBN: 9782221217573
Google: 2og_DwAAQBAJ
Éditeur: Groupe Robert laffont
Publié: 2018-01-04T21:19:01+00:00


Il a fini par accepter, mais n’était pas certain de vouloir participer à la chasse aux œufs dans le jardin.

De toute façon, il a plu tout l’après-midi ce jour-là. Tellement que certains chocolats restés dehors se sont transformés en flaques à la fin. C’est le chien de Louise qui les a tous dénichés, il a été malade pendant trois jours, on a failli le perdre au moment où il avalait les derniers œufs, ou peut-être un lapin en chocolat blanc, je ne sais plus. Le vétérinaire a expliqué à Louise que c’était un vrai poison pour les chiens, le chocolat, surtout pour un chihuahua.

Il y avait plein d’enfants autour d’Emma et Thelma, les petits de la sœur de Louise et ceux des fils de son mari aussi. Et puis les jumelles de leurs si bons amis que j’adore, comme s’ils étaient les miens. Tout était normal et naturel, sauf Martin qui n’osait rien dire et qui trouvait tout à coup très encombrante sa grande carcasse d’un mètre quatre-vingt-seize. Même Louise paraissait petite à côté, Louise qui est pourtant une grande liane. Elle lui a posé mille questions, et parfois à plusieurs reprises, mais à des moments différents, pour voir si les réponses changeaient. On aurait cru qu’il passait un entretien d’embauche. C’était drôle parce qu’elle lui répétait souvent : « Mets-toi à l’aise, hein, tu es ici chez toi, on est cool ! » Sauf qu’il n’était pas cool du tout, je crois qu’il était une flaque en chocolat à l’intérieur, lui aussi, comme les œufs, les cloches et le lapin restés dehors sous la pluie. Quand d’autres personnes l’interrogeaient, c’était encore pire. Il était incapable de parler de son travail, de son âge ou de ses envies. Je l’avais rarement vu comme ça, sauf peut-être quand je l’ai rencontré. Puis il a fallu changer Thelma qui avait fait dans sa couche. C’est comme ça, les bébés, ça ne choisit pas, ça n’attend pas la fin des réponses. Martin y a vu une aubaine, je lui ai dit : « Reste, je m’en occupe. » Mais il était tellement heureux de pouvoir prouver qu’il savait faire quelque chose, qu’il n’était pas que le grand garçon qui répondait un peu maladroitement aux questions, tellement impressionné, là, sur le canapé du salon, face au jardin et à la pluie qui n’en finissait pas de tomber, qu’il a voulu changer Thelma et que ça dure très longtemps. Louise nous a amenés dans sa chambre, tout en haut des étages, elle a dit : « Ce sera plus simple pour la changer, on sera mieux sur le lit. » Là, j’ai bien cru que Martin allait s’effondrer, lui qui pensait s’échapper en cuisine et s’y cacher jusqu’à ce qu’il fasse nuit. Ce n’était pas rien, pour lui, d’entrer dans la chambre de Louise, c’était peut-être même pire que de répondre aux questions sur le canapé du salon. Martin a regardé l’immense lit blanc cassé, la décoration sobre et magnifique, et j’ai pensé que toutes



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