Pilote de Stukas by Hans-Ulrich Rudel

Auteur:Hans-Ulrich Rudel [Rudel, Hans-Ulrich]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Autobiographie
Éditeur: Corrêa
Publié: 1951-01-01T00:00:00+00:00

XIII

UN BAIN DANS LE DNIESTR

En mars 1944, une menace particulièrement grave se dessine contre le secteur méridional du front. Par une puissante offensive, dans la région de Nikolajew, les Soviets tentent de réaliser une percée décisive qui amènerait la destruction de toutes les armées allemandes du secteur sud. Une fois de plus, mon escadre se trouve au centre de la bataille. Stationnés à Rauchowka, à 200 kilomètres au nord d’Odessa, nous essayons de soulager les unités terrestres engagées dans des combats meurtriers. Du matin au soir, nous ne prenons pas une seule minute de repos ; notre tableau de chasse s’allonge de jour en jour, nous ne comptons plus les canons et « orgues de Staline » que nous avons réduits au silence. Chaque fois que les Russes ouvrent une brèche dans notre dispositif, on nous appelle à l’aide. Grâce à notre intervention massive, les efforts des rouges restent vains ; chaque brèche est aussitôt colmatée, puis une contre-attaque la referme. C’est ce succès défensif qui permet à l’ensemble de nos armées de se replier, quelques semaines plus tard, sur des positions préparées d’avance.

Au cours de cette période, nous recevons un jour l’ordre de remonter le Dniestr, en direction du nord-ouest. Des nouvelles alarmantes, provenant des unités roumaines, parlent d’un franchissement du fleuve par des détachements rouges aussi bien motorisés que blindés qui, dans la région de Jampol, se dirigeraient vers le sud. À première vue, cette nouvelle paraît absolument fantaisiste ; elle signifierait, en effet, que les Soviets, attaquant en même temps au nord comme au sud, auraient enfoncé nos lignes et se trouveraient déjà en Transnistrie, à 200 kilomètres derrière nous. Hélas ! Nos reconnaissances confirment ces renseignements : de puissantes unités russes, appartenant à toutes les armes, sont en train de passer le fleuve, et le génie soviétique a entrepris la construction d’un grand pont.

Aux non-initiés, il peut sembler étonnant que l’ennemi ait pu lancer une opération aussi importante sans que notre haut commandement en ait eu aussitôt connaissance. Pour nous qui avons déjà vu tant de choses sur le front de l’Est, un tel événement n’a rien d’extraordinaire. Dans cette immensité, les premières lignes sont souvent tenues par des forces très faibles, très étirées ; parfois, des secteurs entiers entre deux points d’appui sont simplement contrôlés par des détachements de patrouille. Si les Russes réussissent à s’infiltrer à travers le réseau des avant-postes, ils trouvent devant eux un vide complet, où ils peuvent s’engouffrer sans rencontrer la moindre résistance – à part les quelques coups de feu plutôt symboliques d’une unité du train des équipages, ou d’un groupe d’hommes des transmissions.

Le but de l’offensive soviétique est évident : ils veulent arriver dans le dos des armées allemandes du sud, et percer en direction de Jassy pour atteindre les puits de pétrole de Ploesti. Comme notre intervention est toujours indispensable dans la région de Nikolajew, nous devons nous contenter de deux ou trois missions par jour contre la tête de pont russe de Jampol. Nous utilisons, pour

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