Personne ne sort d'ici vivant by Adam Nevill

Personne ne sort d'ici vivant by Adam Nevill

Auteur:Adam Nevill [Nevill, Adam]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller
ISBN: 9791028120405
Éditeur: Bragelonne
Publié: 2020-05-13T04:00:00+00:00


Chapitre 52

L’étrangeté de la seconde pièce fut accentuée par la troublante sensation de déjà-vu qui saisit Stéphanie. Elle avait l’impression de connaître cet endroit depuis longtemps, même si ses cauchemars ne remontaient pas à plus d’une semaine. Entre ces murs, le temps et l’espace, les dimensions et les certitudes de la réalité paraissaient la condamner à une infinie détresse.

Les murs nus étaient peints en noir, tout comme le plafond et le plancher. Les lampes, s’il y en avait un jour eu, avaient disparu depuis longtemps. Stéphanie avait du mal à déterminer où se situait la jonction entre les murs et le plafond, ainsi que le plancher.

Une nappe noire poussiéreuse, dont les bords tombaient jusqu’au sol, recouvrait la grande table ronde qui trônait au milieu de la pièce. Stéphanie aurait préféré voir ce qui se trouvait en dessous du meuble.

Quatre chaises en bois étaient disposées autour de la table, de telle sorte que les dossiers en touchaient le bord. Le reste du mobilier consistait en un long buffet noir, sur lequel trônaient deux anciens chandeliers en bois. Il s’en dégageait quelque chose de religieux, mais sans le réconfort qu’une touche de christianisme pouvait offrir.

L’impression qu’on avait procédé à un rituel dans cette pièce donna à Stéphanie la sensation que sa peau se rétractait. La vue d’un coffret en bois, drapé de velours pourpre, ne fit qu’accentuer son dégoût. Ce coffret, posé sur le buffet, n’était pas plus grand qu’une petite maison de poupée. Cependant, Stéphanie fut parcourue d’un frisson lorsqu’elle imagina les minuscules rideaux s’ouvrir brusquement de l’intérieur.

Une odeur de poussière et de tissu moisi régnait dans la pièce. Elle empestait le renfermé. Mais ces relents n’étaient rien comparés à l’atmosphère de l’endroit. Stéphanie n’avait jamais rien vécu de tel, et elle n’aurait jamais cru qu’un lieu puisse lui inspirer un tel sentiment. Parce que cette pièce était désolée et, d’une certaine manière, viciée par une corruption que Stéphanie ne pouvait que deviner. Pourtant, elle vivait aussi : elle vibrait d’une énergie sombre qui imprégnait les pensées de la jeune femme, y distillant une terreur sans pareille.

C’était un tombeau, un mausolée aux murs noirs. Un lieu entre deux époques, dans lequel elle pouvait sentir la réminiscence d’un passé terrifiant. L’instinct de Stéphanie lui permettait d’émettre des hypothèses.

Une porte. Une entrée. Un accès.

Tout, dans cette pièce, suggérait l’indécence, la profanation, la barbarie. Rien ne serait jamais capable de purifier ce lieu et ses murs noircis. La pièce avait absorbé tant d’horreurs qu’elle pouvait les ranimer à tout moment. Un mal, qui n’avait rien d’humain, imprégnait l’endroit. La personne qui l’avait aménagé avait peut-être bénéficié de l’aide de quelque chose venu d’ailleurs.

Au vacillement de la flamme de la bougie, la profonde méfiance qu’inspirait cette pièce lugubre à Stéphanie ne fit que s’accroître. Elle ne voulait pas s’y attarder, cependant il fallait qu’elle la traverse assez lentement pour que la bougie ne s’éteigne pas. À l’aide de la main qui empoignait le couteau, elle protégea la flamme fragile de la bougie.

Si la flamme s’éteint, ton esprit s’éteindra aussi.



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