Otages de la nature by Daniel Marchildon

Otages de la nature by Daniel Marchildon

Auteur:Daniel Marchildon
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
ISBN: 978-2-89597-642-4
Éditeur: ÉDitions David
Publié: 2018-02-05T00:00:00+00:00


CHAPITRE 13

Notre prochaine rencontre sera bien différente de celle que j’envisage

Le pick-up cahote le long de la piste progressivement plus étroite et tortueuse. Même si Danika manie le volant avec assurance, pour moi, s’aventurer sur une route où les branches des arbres et des arbustes frôlent les côtés du véhicule, c’est une expérience nouvelle, pour ne pas dire déstabilisante.

— Inquiète-toi pas, je connais bien le chemin.

Nous parvenons enfin à une petite clairière et Danika coupe le moteur. Je constate que le lieu qu’elle veut me montrer, contrairement à mon espoir, est un bout de forêt dense, pas du tout un endroit romantique.

— Par ici, m’indique mon amie en s’engageant dans le sous-bois.

— On est où au juste ?

— À la porte arrière de l’Esprit des sables.

Danika avance à grandes enjambées. Je suis étonné d’apprendre qu’il existe un autre moyen d’accéder aux dunes que celui que nous avons emprunté hier.

— En fait, c’est plus vite passer par ici que de s’y rendre par le lac.

— Donc, la route parfaite pour un fainéant comme moi.

Danika s’arrête brièvement. J’essaye de jauger par ses yeux si elle trouve mon autodérision drôle ou triste.

— À l’approche des dunes, la forêt change, m’explique-t-elle en reprenant notre marche. Il y a d’autres espèces d’arbres et de fleurs…

— Sauvages, comme ma mère.

Cette fois mon commentaire soutire un rire franc de ma guide. Elle scintille, cette fille. Si elle vivait en ville, elle aurait un paquet de gars en train de courir après elle. Et je n’aurais aucune chance.

Quelques minutes plus tard, nous commençons à longer le bas d’une haute falaise escarpée.

— Tu vois, la seule façon pour la compagnie d’accéder aux beaux arbres de l’autre côté du lac, c’est en passant par ici et par les dunes.

Nous traversons la forêt quelques minutes encore. Danika a dit vrai : nous voilà déjà aux dunes. Sauf que, cette fois, nous y parvenons du côté nord et je les considère d’un autre angle. La haute colline de sable me fait toujours une vive impression.

— On voit qui peut atteindre le sommet en premier ?

Danika réagit en s’élançant vers la pente. Gravir la dune de ce bord-ci exige autant d’effort que de l’autre. Le soleil qui nous tape dessus me fait suer à grosses gouttes. Danika prend une bonne avance. J’essaye de la rattraper, mais elle parvient au faîte de la dune bien avant moi.

Haletant, j’arrive enfin à ses côtés. Heureusement, elle partage sa bouteille d’eau avec moi. Nous restons un long moment en silence jusqu’à ce que je laisse échapper :

— C’est pas la même musique, aujourd’hui.

— Elle est différente chaque fois, commente Danika, à mon grand étonnement. C’est ici que j’ai eu la vision de mon avenir comme avocate.

— Dans ce cas, c’est sûr que tu finiras juge à la Cour suprême du Canada.

Pour une fois je suis sérieux, mais Danika interprète ma prédiction comme une raillerie. Elle me donne une poussée amicale, mais ferme. Elle a de la force et, debout sur le sable mou, je ne suis pas très bien ancré.



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