On ne meurt qu'une fois by Pelloux Patrick

On ne meurt qu'une fois by Pelloux Patrick

Auteur:Pelloux, Patrick [PELLOUX, Patrick]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Autre
Éditeur: ROBERT LAFFONT/BOUQUINS/SEGHER
Publié: 2013-03-20T23:00:00+00:00


Beethoven est mort à cinquante-six ans.

BALZAC

Le cœur gros

Paris, 18 août 1850. Louis Napoléon Bonaparte a été élu président de la République française un peu moins de deux ans plus tôt. C'est l'époque de l'émancipation de la bourgeoisie, qui espère devenir une aristocratie. La mutation de la société est bien lente en ce XIXe siècle, mais Paris est encore éclairée par celui des Lumières. Les intellectuels de l'époque ont bien conscience de la nécessité de l'évolution après la Révolution. Le futur empereur est revenu de Londres enthousiasmé par la modernité anglaise, et bientôt il va charger Haussmann de refaire la capitale avec les théories hygiénistes des Lumières. Un slogan est lancé : « Paris embellie, Paris agrandie, Paris assainie », pour débuter les travaux et convaincre le peuple de la capitale de casser les vestiges du Moyen ge.

Mais n'entendez-vous pas ? En cette nuit d'été, un cheval tire au galop un fiacre, du côté des Champs-Élysées. Arrivé dans la rue Fortunée, il s'arrête devant une villa. Victor Hugo en descend et frappe à la porte. Cet après-midi, son épouse est allée voir la femme de son pote, et celle-ci lui a confié que M. de Balzac se mourait. Alors Victor, à la fin de son dîner avec son oncle, fonce voir Honoré.

Balzac a profité de la vie. Il est maintenant obèse d'avoir tant mangé gras, salé, sucré... Et tant picolé ! C'est la diététique de l'époque. Il a été un grand conquérant sentimental et sexuel. Il est désormais marié à celle qu'il courtisait depuis des années. Il vit dans une bâtisse – ce qui reste de l'hôtel Beaujon – jouxtant une petite église. « Un tour de clé et je suis à la messe », a-t-il dit à Hugo en se marrant, quelques mois auparavant.

En février 1849, Hugo l'a croisé dans un faubourg. Balzac « respirait bruyamment ». Son médecin a posé un diagnostic d'hypertrophie du cœur. Les jambes enflées et la difficulté à respirer évoquées par Hugo sont la signature de cette insuffisance cardiaque globale et majeure. Mais aucun traitement n'existe à cette époque. Balzac, au sommet de son art et de sa vie, veut garder celle-ci. Il consulte alors cinq médecins, qui l'« abandonnent » tous, selon les termes de son entourage en ce mois d'août.

Son état physique va rapidement se dégrader et finit par l'empêcher de faire le moindre effort. L'écrivain cherche l'air comme une carpe sortie de l'eau. Ses jambes sont devenues énormes, semblables à des colonnes de marbre. C'est le début de la fin. Ses médecins décrivent « une hydropisie couenneuse, une infiltration, [...] la peau et la chair [sont] comme du lard ». Ce sont les signes que le cœur ne se contracte plus efficacement, des œdèmes se forment dans les membres inférieurs du corps et les poumons. Un peu comme si une pompe censée vider un lac n'en avait plus la force, et donc le lac déborde !

Malheureusement, en juin, il se blesse à une jambe, et une plaie béante vient vider l'œdème. Sa servante raconte que « toute l'eau qu'il avait dans le corps a coulé.



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