Nouvelles histoires d'outre monde by Collectif

Nouvelles histoires d'outre monde by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastiques, Nouvelles
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Mattbew South et Cie

Carl Jacobi11

Dans les bureaux de l'état civil de Port d'Espagne (île de la Trinité), sa naissance avait été enregistrée en 1907 sous le nom de Henry Gibson Walters. C'était un excellent patronyme, et chacun de ses divers représentants, au cours de plus de deux siècles, avait activement participé à lui établir une histoire d'honnête labeur et de réputation sans tâche. En vérité, les Walters n'avaient jamais accompli rien de sensationnel ou de bouleversant ; mais ils avaient été de bons commerçants, de bons avocats, de bons érudits. Pourtant, Henry Walters détestait ce nom avec ferveur, et il avait l'étrange manie d'éviter de s'en servir chaque fois qu'il le pouvait.

Bien entendu, il n'avait jamais recours à des faux en écriture. Simplement, il aimait le son et la signification de noms bizarres, et il s'employait sans cesse à en fabriquer pour les utiliser à des fins innocentes : souscriptions, paquets recommandés, papier à lettres personnel.

Il recevait Punch et The Fortnigbtly Review sous le nom de James K. Vermont. Il avait fait délivrer une carte d'entrée à la bibliothèque municipale à un certain Philip Spayne, et il envoyait à plusieurs correspondants des lettres qu'il signait Richard Campeau. Il ne savait pas au juste pourquoi il agissait de la sorte, mais il soupçonnait, à juste titre, qu'il était poussé par une espèce de frustration.

Disons-le tout de suite : ladite frustration n'était pas d'ordre financier, car son moulin à broyer les cannes à sucre lui rapportait un revenu considérable et il logeait dans une imposante villa du quartier résidentiel de Saint-Clair. Il y vivait seul avec ses domestiques, sa femme ayant trépassé plusieurs années auparavant.

Il aimait se représenter James K. Vermont sous l'aspect d'un Américain sportif et insouciant, excellent joueur de polo, cavalier plein de grâce et d'aisance. En la personne de Philip Spayne (très bon exemple d'euphonie à cause du « l » et du « n ») il voyait un détective aux manières raffinées, à la culture très étendue, qui trouvait la solution de ses affaires à l'aide de dissertations érudites sur les hiéroglyphes égyptiens ou la philosophie polynésienne.

Par une brûlante journée de février, Walters, assis dans sa bibliothèque, se livrait à son passe-temps favori. Les portes vitrées ouvertes donnant sur le jardin laissaient pénétrer dans la pièce le parfum des hibiscus et des magnolias. Walters griffonnait plusieurs noms suggérés par le milieu qui l'entourait. D'abord, il écrivit Arden Garden, puis il le barra comme étant trop facétieux12 . Ensuite il écrivit Oliver Green13 et médita un long moment. Malgré le bon jeu de mots sur les deux couleurs, il n'y avait là rien d'exceptionnel. Au bout de quelques instants il nota Flowers, Alexander Flowers14 . Très banal. Mauvais. Il semblait qu'il eût utilisé toutes les combinaisons possibles au cours des dernières années. Pourtant il savait que celle qu'il cherchait : la dernière, l'ultime, ne lui était pas encore venue à l'esprit.

Elle devrait être l'essence même de l'euphonie, absolument unique, agréable à l'œil autant qu'à l'oreille. Walters comprenait fort bien



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