Nouvelle histoire romaine by Guglielmo Ferrero

Auteur:Guglielmo Ferrero
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Tallandier
Publié: 2018-07-14T16:00:00+00:00

LES FINANCES

C’est alors que commence la nouvelle histoire d’Octave et de la république romaine. Elle fut entièrement dominée par la ferme intention de satisfaire autant que possible les nouvelles aspirations traditionalistes, qui voulaient rétablir l’ordre dans l’État, dans la famille, dans les idées et dans les mœurs. On se proposait, en somme, de gouverner avec le nom de César, mais à l’opposé de ce qu’eût fait le dictateur. En 28 déjà, avant que fût approuvée la nouvelle constitution républicaine, Octave avait réduit l’armée à vingt-trois légions et s’était appliqué à y rétablir la discipline en en excluant les étrangers, les affranchis, les provinciaux, en rétablissant les peines et les récompenses. Dans la même année, il avait commencé à reconstituer par des donations la fortune de nombreuses familles sénatoriales tombées dans la gêne. Devenu Auguste, il fit approuver une loi qui abaissait l’âge légal pour les magistratures, afin que les jeunes gens pussent entrer de bonne heure dans la carrière politique. Il fit approuver aussi une loi déjà projetée par César, qui assignait des traitements aux gouverneurs des provinces et à tous les magistrats nouvellement créés. Cette réforme nécessaire, car une partie de l’aristocratie était trop pauvre pour faire les frais des charges publiques, n’en était pas moins en contradiction avec un principe de la vieille république, la gratuité des fonctions. Enfin, et surtout, Auguste s’occupa de réorganiser les finances.

Après tant de dilapidations, de vols et de malversations, la réforme des finances était le premier remède dont la république avait besoin. Sans argent, Auguste ne pouvait ni entreprendre de guerres, ni restaurer l’administration, ni faire exécuter de travaux publics. Il consacra donc ses premiers soins à la trésorerie. Quels étaient les revenus et les dépenses de la République ? Pour s’en rendre compte, Auguste organisa chez lui, pour son usage privé, une véritable comptabilité d’État, choisissant à cet effet les plus cultivés et les plus intelligents de ses esclaves et de ses affranchis.

Mais il ne suffisait pas de connaître les revenus : il fallait encore les accroître.

Reprenant un ancien projet de César, Auguste fit l’inventaire de l’immense patrimoine que la république possédait dans tout l’empire, et qu’elle avait toujours exploité avec profit, certes, mais dans le plus grand désordre. Il augmenta les impôts de certaines provinces qui avaient moins souffert au cours des dernières années et qui, par comparaison avec leur situation un demi-siècle plus tôt, donnaient des preuves de prospérité évidente ; telle la Gaule transalpine, et peut-être aussi les provinces illyriennes et quelques régions des Alpes. Il s’efforça de mettre en circulation une plus grande quantité de numéraire. Pendant le triumvirat, des masses d’or et d’argent, effrayées par l’anarchie, s’étaient cachées, de sorte que le triumvirat avait dû frapper des monnaies de mauvais aloi. Pour remédier à la disette de numéraire, Auguste songea à conquérir des territoires aurifères et, dans cette intention, il prépara les premières guerres de son gouvernement : la guerre contre les Cantabres et contre les Asturiens, dans la péninsule ibérique, dont les mines d’or, pendant

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