Nick et le Glimmung by Philip K. Dick

Auteur:Philip K. Dick [Dick, Philip K.]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 1973-02-01T05:00:00+00:00

— Ce n’est qu’un chat, répondit Nick, les chats ne font de mal à personne.

— Tu parles ! Ne nous raconte pas d’histoires ! Tu as vu ses crocs ? – La petite voix frémissait d’indignation – Nous allons le dénoncer aux Quatre Grands, c’est un danger public !

— Qui êtes-vous ? demanda Nick.

— Des spidiles, répondirent en chœur plusieurs des créatures invisibles.

— Et vous, demanda l’une d’elles, vous allez habiter ici ? Et vous amenez avec vous cet ignoble carnivore ? Si c’est comme ça, nous déménageons ! Nous partons !

— Oui, nous partons ! reprirent plusieurs voix scandalisées.

— Ton gros malin de chat court à la catastrophe, ajouta le premier spidile, c’est lui ou nous !

— Mais il fait partie de la famille, plaida Nick.

— Waouh ! Pays d’émotions fortes ! gémit le spidile. Écoute-moi bien, monsieur. Nous sommes en guerre. Tu as entendu parler de la guerre, certainement ? Et des pélicouics ? Et Glimmung, en as-tu entendu parler ?

— Oui, répondit Nick. C’était la première fois que quelqu’un – ou quelque chose – l’appelait « monsieur » et il ne trouvait pas cela désagréable du tout. J’ai rencontré Glimmung, ajouta-t-il, et il m’a donné un livre par erreur. Il s’est trompé de livre, je veux dire. Il comptait bien m’en donner un, mais pas celui-là.

— Glimmung donne à tous les nouveaux arrivants un exemplaire de La Guerre ultime et finale, répondit le spidile. Ce n’est qu’un tissu de mensonges, pour faire croire qu’ils ont raison et que les Quatre Grands ont tort. Il doit y en avoir un millier en circulation sur la planète.

— Mais ce n’est pas ce que m’a donné Glimmung, ou le pélicouic, je ne sais pas… Ça s’appelait Une journée d’été.

— Et tu l’as encore ? demanda le spidile.

— Non.

— Tu l’as perdu. Tu l’as donné à un greumz et le greumz l’a mangé. Tu as fait du feu avec. Tu…

— Nous l’avons donné à un colon terrien, M. Frankis, coupa Nick, pour qu’il nous conduise ici.

— Sacré vieux Frankis… murmura le spidile.

Ses compagnons, tapis dans l’obscurité, se mirent à chuchoter avec des frissons de dégoût dans la voix.

— Reg Frankis est un voleur, reprit le spidile. Qui sait ce qui peut lui passer par la tête ? Il est ce qu’on appelle un marchand d’eau, il transporte de l’eau et la vend à des prix exorbitants que personne ne peut payer. Tu dois lui reprendre le livre.

— Pourquoi ? demanda Nick.

— Parce que nous en avons besoin. Parce que les Quatre Grands, en fait, en ont besoin pour gagner la guerre. Reg Frankis va vouloir le vendre à un prix si élevé que nous ne pourrons pas payer et le Glimmung le rachètera. Ils ont de l’argent, eux. Ce n’est pas comme nous : nous sommes fauchés. Pays de misère, ici ! Pourquoi crois-tu que nous habitons dans des terriers ? Parce que nous aimons cela ? Pas du tout ! Je vais te dire pourquoi : parce que nous n’avons

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