New Victoria T1 by Lia Habel

New Victoria T1 by Lia Habel

Auteur:Lia Habel [Habel, Lia]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


La petite chambre individuelle de Chas se trouvait dans l’un des baraquements de la deuxième

cour. Les autres femmes que j’avais vues semblaient toutes loger dans de longs dortoirs de la même

zone. Leurs radios et gramophones rivalisaient en puissance sonore et, dans cette cacophonie, je

distinguais de la musique populaire victorienne, de vieilles symphonies et d’étranges rythmes que je

ne pus identifier.

Bram frappa à la porte et Chas vint ouvrir ; sa musique devint tout à coup tonitruante. Elle avait

des bandes de papier aluminium dans les cheveux et une cigarette pendue aux lèvres… qu’elle cacha

immédiatement derrière son dos quand elle vit Bram.

— Salut !

Bram haussa les deux sourcils en même temps.

— Salut. (Il regarda les feuilles d’aluminium.) Je ne veux même pas savoir.

— Les Martiens essaient de prendre le contrôle de mes pensées, gros bêta. (Elle remarqua ma

présence et sourit.) Salut, Nora !

Puis, repérant l’arme :

— Oh… ça ne rigole plus.

— Nora a besoin de vêtements plus appropriés si elle veut pouvoir l’utiliser, dit Bram.

Chas battit des mains.

— Un relooking !

Pitié, non !

Chas m’attrapa le poignet et me tira dans sa chambre. J’implorai Bram du regard tandis que sa

camarade me traînait par le bras sous ses yeux, mais je n’eus même pas le temps de prononcer un mot

qu’il referma la porte après un petit signe de la main.

Je gardai les yeux rivés sur le battant, médusée. J’allais devoir le tuer. On allait crier au

scandale, mais je n’avais pas le choix. C’était une question de principes.

Chas écrasa sa cigarette dans un plat en verre avant d’ouvrir le store de la fenêtre de sa chambre

pour laisser entrer un peu de soleil. La pièce était une zone sinistrée : des vêtements traînaient par

terre, des affiches et des gravures se décollaient des murs à cause de l’humidité, et le sol était tapissé

de bouts de plastique non identifiables. Elle en repoussa certains du pied pour dégager un passage.

— Désolée pour le bazar, dit-elle en riant. Je suis une vraie souillon.

Elle tira les draps sur son lit pour le recouvrir et me fit signe de m’asseoir dessus.

J’obéis, emmenant la faucille machinchose avec moi. Je l’appuyai contre le mur, à côté de la

photo d’un garçon au visage anguleux qui portait un jabot et des perles. Ou bien était-ce une fille ? Je

n’aurais su dire. Chas me surprit en train d’étudier la photo et dit :

— C’est Tory Angel, parfois appelé Victoria Angel. C’est un chanteur underground, il est

génial. Jamais entendu parler ?

— Non. C’est un artiste punk ?

— Oh ! non, c’est un Néo-Victorien, comme moi avant de mourir.

Je la regardai, incrédule.

— Vraiment ?

Elle acquiesça joyeusement.

— Eh oui ! Je viens de Buffalora.

Un souvenir s’éveilla dans mon esprit. Buffalora se trouvait à la frontière entre Panama et la

Colombie.

— Je connais ! La ville a été frappée par une énorme tempête il y a quelques années… (Je la

regardai dans les yeux et compris.) C’étaient les morts.

— Bingo ! Buffalora reste mon canular gouvernemental préféré à ce jour.

Chas désigna ses cheveux et ajouta :

— Laissez-moi enlever ça avant que nous commencions… Buffalora… Bon sang ! tout cela me

semble si loin déjà.



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