Mort sur la tamise by Crombie Deborah

Auteur:Crombie, Deborah [Crombie, Deborah]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2011-07-31T22:00:00+00:00

Sur le seuil de la cuisine, Gemma se retourna pour demander :

— Ça va aller ?

— On ira très bien, répondit Alia avec un sourire rassurant.

La jeune Bangladaise avait été la nounou de Charlotte, lorsque la fillette habitait Fournier Street avec ses parents 21. La veille, après le départ de Kincaid pour Henley, Gemma n’avait pu chasser de son esprit l’image d’Angus Craig. Elle avait décidé de suivre son idée – demander à Melody de consulter les dossiers de Sapphire – et téléphoné à Alia pour savoir si cela ne l’ennuierait pas de garder Charlotte ce matin.

Alia était disponible et apparemment contente que Gemma fasse appel à elle. Depuis son arrivée, une demi-heure plus tôt, Charlotte et elle jouaient avec bonheur à la dînette. La petite n’avait pas bronché quand Gemma avait annoncé qu’elle sortait. Toby était chez des voisins, Kit claquemuré dans sa chambre avec les chiens. Il travaillait soi-disant sur un exposé qu’il avait à faire pour la rentrée. La maison, pour l’heure, était étonnamment calme.

Alia, songea Gemma qui observait la jeune fille, paraissait plus mince, ses cheveux brillaient, son teint était plus clair.

— Ça se passe bien, à la fac ? dit-elle.

Alia avait choisi le droit, elle ambitionnait de devenir avocate, bien que sa famille traditionaliste ne l’encourageât guère.

— Très bien, oui.

Elle rougissait. D’un doigt brun et fin, elle écarta du bord de la table la minuscule tasse à thé de Charlotte.

— Rachid m’aide à réviser.

Gemma la dévisagea avec stupéfaction. Rachid ? Quand même pas Rachid Kaleem ?

— Vous savez, le médecin légiste, confirma Alia. Il m’a dit qu’il vous connaissait. Il donne un coup de main au dispensaire depuis que…

Alia n’acheva pas sa phrase. Elle avait idolâtré les parents de Charlotte, et travaillait bénévolement, comme Sandra, pour le centre médical de l’East End qui accueillait les femmes bangladaises du quartier. C’était Gemma qui avait parlé du dispensaire à Rachid. Qu’il ait proposé son aide, discrètement, et endossé le rôle de mentor auprès de cette jeune femme privée du soutien de Naz et Sandra… cela lui ressemblait bien.

Mais Alia était jeune et impressionnable, or des cohortes de femmes plus mûres et plus avisées se pâmaient devant Rachid Kaleem. Gemma espérait qu’il ne lui briserait pas le cœur, sans le vouloir.

— Oh, super, bredouilla-t-elle.

Heureusement, Charlotte vola à son secours.

— Lia, ze veux les camions, pépia-t-elle en faisant rouler sur la table un jouet de Toby. Ils peuvent boire du thé, les camions ?

Perchée sur une chaise, à côté d’Alia, elle balançait ses petits pieds chaussés de baskets. Une des barrettes que Gemma, ce matin, avait si soigneusement fixée dans ses cheveux s’était ouverte, et une tache de boue ornait le devant de son T-shirt. Et dire que Gemma rêvait d’une petite fille girly… – encore qu’elle n’aurait pas trop su quoi en faire.

— Les camions boivent de l’essence, expliqua Alia. Mais peut-être que celui-là, pour une fois, pourrait prendre le thé.

Elle lança un regard éloquent à Gemma et articula en silence : allez-y.

— Parfait, dit Gemma qui ajusta sur son épaule la bandoulière de son sac.

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