Mort étrange dans les vignes de Guérande by Béatrice Verney

Auteur:Béatrice Verney [Verney, Béatrice]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782367465579
Amazon: 2367465576
Éditeur: GESTE
Publié: 2016-05-03T22:00:00+00:00

Là-dessus, le commissaire remercia la fer-mière. Il savait que toute recherche dans la région nantaise était inutile. Il avait sa petite idée sur l’endroit où pouvait se trouver Henriette−ou, plutôt, Juliette.

« L’esprit est originellement une table rase

Où l’expérience inscrit sa marque. »

John Locke.

Chapitre 9

Le retour à Guérande

De retour à Guérande, Guillaume présenta son rapport à M. de Plusquepoix, le lieutenant général de police. Il fit part de ses soupçons envers la dame Dugué concernant le meurtre de sa sœur et la lettre anonyme qui avait fait condamner son beau-frère, Étienne Charot, au supplice de la question par l’eau puis à son exécution par pendaison. Comment ne pas faire, dès lors, un lien entre les événements survenus à Saint-Fiacre et la morte du clos Saint-Julien ?

Une réunion fut organisée afin d’étudier les nouveaux éléments et réfléchir à la suite de l’enquête. Y assistaient le maire, le sénéchal, le lieutenant de police, le greffier, les policiers ainsi que le chanoine de la collégiale. Le commissaire Fleury commença par s’enquérir des progrès de l’affaire pendant son absence. Le sénéchal prit la parole :

— Nous avons fait procéder à un moni-toire (24) pour susciter des témoignages. Une lettre enjoignant aux fidèles de révéler ce qu’ils pouvaient savoir du crime a donc été lue par les curés des églises et chapelles de la ville pendant trois dimanches consécutifs. Ce monitoire a été suivi du réograve, c’est-à-dire un délai de trois jours durant lequel les témoins doivent se manifester, faute de quoi ils sont déclarés « contumaces, désobéissants et rebelles aux monitoires ecclésiastiques » et excommuniés sans attendre. C’est, en général, un moyen très efficace pour obtenir des informations ! Mais, dans le cas présent, les résultats ont été décevants et les curés qui étaient chargés de recueillir les témoignages pour les transmettre ensuite au lieutenant de police n’ont eu que des ouï-dire contradictoires et peu fiables.

Le sergent Lethiec prit alors la parole :

— J’ai enquêté sur la dame Le Couët. Vous aviez raison, cette personne a bien des activités louches. J’ai d’abord interrogé les voisins qui ne m’ont rien appris. J’ai donc procédé à une filature en me postant, plusieurs soirs de suite, devant sa demeure. J’ai pu remarquer que des couples y rentraient discrètement par une porte dérobée et en ressortaient quelques heures plus tard. Je ne suis pas intervenu, mais il est quasiment certain que cette dame loue ses appartements pour des rencontres discrètes.

Guillaume n’était pas étonné. Il avait tout de suite compris, lors de sa visite, que la dame lui cachait des choses. Ce commerce illicite devait lui permettre d’améliorer ses ressources qui, il est vrai, ne semblaient pas très florissantes. Il enchaîna :

— Avez-vous reconnu des personnes qui fréquentaient cette maison ?

— En général, ces gens s’arrangent pour cacher leur visage, mais j’en ai quand même reconnu deux.

— Il nous faut rester discret sur l’identité de ces personnes à ce niveau de l’enquête, dit le procureur. Nous verrons par la suite s’il y a lieu de les interroger.

Le commissaire Fleury approuva cette déci-sion.

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