Morsure by Bonnard Mathilde

Auteur:Bonnard, Mathilde [Bonnard, Mathilde]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
Éditeur: Les Editions Livresque
Publié: 2018-08-23T22:00:00+00:00

Chapitre 33

Toute la nuit, j’ai réfléchi à l’attitude à adopter. Finalement, je suis déterminée.

Les élèves entrent dans leur classe.

J’aperçois Dyami dans le couloir, je me hâte de le rejoindre avant qu’il ne disparaisse dans sa salle. Je le tire vers les casiers, alors que le couloir devient désert. Il est excédé par ce petit jeu, mais malgré tout, il n’oppose aucune résistance. N’est-ce pas lui qui a lancé les hostilités ? Mes yeux lancent des éclairs, je les rive dans les siens et lui dis courageusement que je me fiche de ce baiser.

— Et je vais te le prouver, j’ajoute alors qu’il s’apprête à se moquer de moi.

Mes lèvres s’écrasent contre les siennes. Ce baiser est dur et intransigeant, c’est le dernier, il a le goût d’un adieu. Je me force à ne penser à rien, à ne rien ressentir. J’essaye de ne pas rougir, de rester stoïque. Ce baiser n’aura aucune suite, il n’est rien, il ne sera rien.

Dyami est surpris. Je le sais, car son corps s’est raidi à mon contact et un frisson l’a parcouru, quand j’ai forcé son passage. J’ai explosé le mur qu’il a dressé, cette forteresse qui le faisait se croire insensible et invincible. Je m’éloigne et il reste pantois. Ses sourcils se froncent d’incompréhension. Quelle joie de constater son air hébété. Moi, Alexandra, je l’ai surpris ! Il ne comprend pas comment, en une nuit, la gamine un peu gauche et timide a pu devenir une jeune femme aussi sulfureuse.

— Cela ne me fait absolument rien, je souris fièrement, heureuse.

Je me détourne de lui pour affronter une abominable heure de maths. Je range cette affaire d’Un indien dans le placard de mon cerveau que je scelle pour ne plus jamais y repenser. Toutefois, Dyami ne compte pas me laisser fuir aussi aisément. Oui, je m’enfuis parce qu’en réalité ce baiser m’a perturbée plus que de raison. Il me trouble. Cependant, ce qui me rend davantage perplexe, c’est que Dyami me plaque contre les casiers et m’embrasse. Non pas doucement, comme dans les bois. Non, non, sauvagement. Férocement. Voracement.

Ses mots acerbes disparaissent dans un tourbillon de caresses. J’oublie sa cruauté d’antan quand ses doigts effleurent ma peau brûlante. Dyami est affamé, il me dévore. Ses serres s’emparent de la pauvre petite proie que je suis. Mais je l’accueille avec bonheur.

— Moi non plus, je ne ressens rien, lâche-t-il dans un souffle, avant d’approfondir notre baiser.

Sa langue s’insinue dans ma bouche. Elles s’embrasent, se confondent, se mêlent et s’entremêlent. Ses mains explorent mon corps, palpent mes formes. Il encercle ma taille, puis change de position, comme impatient. Encore et encore, comme s’il se nourrissait de moi, comme s’il mémorisait chaque partie de mon être, comme si ce moment était sa seule opportunité pour connaître les délices auprès d’une Blanche.

Nos longs cheveux noirs se mélangent, ils ne forment plus qu’une seule et même crinière. Nos doigts s’emmêlent et se démêlent, jamais ils ne se lâchent.

J’enlace son cou et me presse contre lui, me love contre son torse.

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