Mon Amie Flicka by Mary O'Hara

Auteur:Mary O'Hara [O'Hara, Mary]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782702136829
Google: T2k9QwAACAAJ
Éditeur: Calmann-Lévy
Publié: 2006-12-14T23:00:00+00:00

18

Il se passa plusieurs jours avant que Mc Laughlin trouvât le temps d’essayer à nouveau de ramener Flicka, des jours pendant lesquels il semblait indifférent à ce qui avait eu lieu et à ce qu’il allait advenir. Il ne s’occupait que de son travail et faisait trimer ses hommes. Nell aussi se surmenait, achevant le dressage de Rumba en plus des besognes ménagères. Mc Laughlin ignorait Ken.

Les poulains de quatre ans, quotidiennement exercés, pansés et nourris d’avoine, devenaient superbes; leurs muscles s’arrondissaient et leur robe se lustrait. Ils en étaient au point de dresser les oreilles et de gambader gaîment quand, le matin, le coup de sifflet de leurs entraîneurs les appelait au corral. Gangway ne ruait plus, et Mc Laughlin habituait les quatre chevaux aux manœuvres du jeu de polo.

Le dimanche, la famille allait à l’église à Cheyenne. Avant de partir, la même discussion s’élevait toujours. Rob, qui avait envie de passer la matinée sur la terrasse à lire les journaux comiques, disait qu’il valait mieux ne pas sortir parce que des officiers du Poste pouvaient venir le voir.

— Et puis, il y a toujours une chance que quelqu’un vienne acheter un poney, tu sais.

— Pas le dimanche matin, disait Nell avec fermeté…

Et ce dimanche-là, elle ajouta, avec un sourire qui creusait la fossette de sa joue droite :

— Mais tu n’as pas besoin d’y aller, mon chéri; ta figure n’est pas encore guérie. C’est une bonne excuse. Je vais emmener les garçons.

— Parfait, répondit Rob.

Mais quand, un quart d’heure plus tard, Nell fut prête et qu’il vit Ken et Howard portant leurs longs pantalons de flanelle grise, des chemises blanches et de petits chapeaux de toile blanche aux bords étroits, il rugit avec indignation :

— Est-ce que tu crois que je vais te laisser aller en ville et t’asseoir à notre banc sans moi?

Pendant qu’il s’habillait, Nell expliqua aux garçons, qui commençaient à s’impatienter, que les officiers sont obligés d’être très soigneux de leur tenue à cause du prestige de l’Armée.

À la fin, il redescendit, propre et élégant dans son complet de flanelle grise, son feutre mou posé légèrement de biais sur ses cheveux noirs et son pansement réduit à une petite bande d’albuplast sur la pommette.

Nell était vêtue d’une robe imprimée vert foncé, coiffée d’un turban et chaussée d’escarpins à hauts talons. Tim avait lavé la voiture donc la peinture marron et le nickel étincelaient.

La vitesse habituelle de Mc Laughlin était de quatre-vingt-dix kilomètres à l’heure.

Aujourd’hui, il poussa jusqu’à cent; néanmoins, ils arrivèrent comme toujours en retard, dérangeant les fidèles attentifs au service qui était déjà commencé.

Ils déjeunèrent en ville; quand ils rentrèrent au ranch, plusieurs visites les y attendaient. Le dimanche après-midi, c’était un va-et-vient continuel de voitures et de plateaux chargés de bouteilles et de verres, au milieu d’une conversation amicale et gaie.

Howard et Ken ne quittaient pas leurs parents et le groupe de leurs amis, officiers et femmes d’officiers; ils écoutèrent un grand nombre de fois le récit de la mort violente de Rocket;

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