Missa sine nomine by Ernst Wiechert

Missa sine nomine by Ernst Wiechert

Auteur:Ernst Wiechert
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782253074281
Éditeur: Le Livre de Poche
Publié: 1950-08-15T00:00:00+00:00


Dors, dors tout doux, mon enfant.

Ce sont des oiseaux de Dieu.

Il leur a promis ses yeux.

Ils les prendront gentiment.

Ils restent muets tout le temps.

Mais ses yeux montrent le blanc…

Le baron frissonna et il leva la main pour demander grâce. Mais la femme ne le vit pas. Elle chantait, comme si les flammes de l'âtre avaient pu brûler, consumer ces paroles et les faire oublier à jamais.

Dors, dors tout doux, mon enfant,

Quand les oiseaux s'envol'ront,

Tu n'auras plus d'yeux au front.

Dors, dors tout doux, mon enfant…

La femme se tut enfin. Elle s'enveloppa plus étroitement dans son fichu, comme si elle frissonnait, devant ce feu. La porte de la bergerie était ouverte. Ils entendirent tous deux le cri d'un oiseau de nuit qui tournoyait au-dessus du marais. On eût dit qu'il avait surpris ce chant et qu'il allait l'emporter audessus de la terre endormie.

« Et ensuite, elle n'a plus chanté ? demanda le baron à voix basse.

– Non, ensuite, jamais, répondit la femme. Et à présent elle est gaie.

– Elle viendra, dit le baron, au bout d'un moment. Allez en paix, à présent. Elle viendra. »

La femme se leva et il l'accompagna jusqu'à la porte. L'oiseau poussa de nouveau son cri ; il était plus loin maintenant, et elle resta encore un instant immobile, prêtant l'oreille.

« Si vous aviez un enfant, monsieur le baron, dit-elle, et si vous l'entendiez crier au loin, vous partiriez le chercher. Mais dans quelle direction dois-je partir ? »

Elle frissonnait dans le vent de la nuit. Puis elle s'en alla, sans bruit, comme une ombre.

Personne ne s'était douté de ce qui allait arriver, et Christophe fut encore le seul qui l'apprît avant le baron. Souvent, le soir, en rentrant du château, il allait s'asseoir à côté de la jeune femme, sur les marches tièdes du perron de la maison forestière, avec le chien. Elle ne se souvenait plus qu'il l'avait emportée, un jour, dans ses bras en haut de l'escalier et qu'il l'avait enfermée dans sa chambrette. Peut-être était-il désormais, à ses yeux, ce qu'est pour les enfants le bon géant des contes de fées, et elle aimait caresser doucement ses cheveux blancs, que la brise du soir faisait frissonner. Ils lui semblaient aussi soyeux et aussi familiers que le pelage de son chien.

Elle ne le dit pas clairement : rien n'était clair dans ce quelle disait. Tout cela planait au-dessus d'une sorte de gouffre noir, et l'image se doublait toujours d'un reflet.

Mais il la comprit et il approuva ses paroles d'un hochement de tête. Il y avait dans son sourire une telle félicité, qu'il n'aurait pas pu s'en empêcher, mais cela l'effraya. Et il sentit, dans son esprit simple, que s'il n'approuvait pas, il causerait sa perte.

Mais quand elle eut monté l'escalier, il s'en fut à la bergerie. Il marchait d'un pas très lent, perdu dans ses pensées, mais quand il ouvrit la porte, son visage était aussi serein que de coutume.

Comme toujours, il lui fallut une entrée en matière et il raconta une « histoire ».

« Quand j'étais



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