Mauvaises Herbes by Jean-Marc Brières

Auteur:Jean-Marc Brières [Brières, Jean-Marc]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Non lu, MXM
Amazon: B00AOO1VSC
Éditeur: Editions Textes gais
Publié: 2012-12-15T00:00:00+00:00

***

Plus personne n'entend parler d'Olivier pas plus que d'Alain. Sauf une rumeur alléguant que le second a

rejoint le premier, si l'on se fie aux descriptions fournies par les gens du troquet du village qui disent les

avoir aperçus à deux reprises, lors du déménagement suite à la vente de la maison.

Chaque dimanche, Roger et Mario rencontrent leurs deux troufions. Une sorte de quatuor s'installe entre

eux : déjeuner au routier, batifolage dans la grange abandonnée. Après une de ces escapades dominicales,

Roger s'inquiète auprès de Mario :

— Tu crois qu'on peut plus se passer de parties à quatre ?

— Qu'est-ce y'a ? Tu veux plus ?

— Je sais pas trop. J'aime et en même temps j'ai une drôle d'impression. Tu vois, quand on baise tous

deux, mon Mario, je sais qu'on n'est pas pédés. Si on est de vrais copains, on baise, c'est normal à nos âges,

maintenant qu'on n'est plus des jeunots tous deux, mais qu'on reste au centre. Mais comme on fait avec les

bidasses, c'est pédé. Tu trouves pas ?

— Je sais pas. J'y pense pas. Mais je crois pas. Y sont comme nous, les deux bidasses. Y sont vachement

potes. Y vivent dans une caserne, c'est comme un centre. Alors, y baisent. Donc y sont pas pédés. Ça fait

deux couples pas pédés qui baisent ensemble. C'est tout, non tu crois pas ?

— Vu comme ça… t'as peut-être raison.

— Tu te mets trop le ciboulot au court-bouillon, mon Roger.

Le lendemain, le directeur leur annonce que le centre "Éducation travail", accepte leur candidature. On

dépose devant chacun d'eux une liasse de documents puis :

— Lisez tout ça, sans vous presser. Réfléchissez. Si vous ne comprenez pas quelque chose, n'hésitez pas à

nous demander des explications, à ma secrétaire ou à moi. Dès que vous aurez signé, vous pourrez faire vos

bagages. Une vie nouvelle vous attend.

— Faut qu'on fasse fissa pour répondre ?

— Disons que vous avez une dizaine de jours, Mario.

— Ben alors, on te dira lundi prochain, promis, Dirlo !

Dans leur logis, ils s'attellent à la lecture des contrats. Très vite un mal de crâne les envahit, douleur plus

imaginaire que réelle. Tout ça les gonfle. Toutefois, ils ne veulent pas s'engager à la légère. Surtout par

méconnaissance de la vie à l'extérieur du pensionnat. Ils savent à qui demander de lire toute cette paperasse.

sylvie MASSETTI <[email protected]>

Le dimanche suivant, au restaurant, Mario parle de leur petit problème à Juju et Momo. Tous deux sont

bacheliers. Après le dessert, tout en sirotant un café, ils se partagent la tâche. Un lit les contrats, l'autre les

programmes scolaires et d'apprentissage. Ils concluent en disant que tout paraît en ordre et trouvent même

que ce qui est proposé leur semble parfaitement adapté à leur cas. Alors, bien décidés, mais avec des gestes

hésitants, Mario et Roger signent là où on le leur indique, râlant à cause du nombre de paraphes à apposer.

Pour l'occasion, ils règlent l'addition, heureux d'inviter leurs deux amis. Le quatuor discute gentiment,

presque tendrement. Ils savent que la séparation est inévitable. Peut-être qu'ils passent leur dernier

dimanche ensemble pour cause de nouvelle vie. Mais,

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