Mars 1958 by Galaxie

Mars 1958 by Galaxie

Auteur:Galaxie [Galaxie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-fiction
Éditeur: Nuit et Jour
Publié: 1958-07-15T05:00:00+00:00


J’examinai le peeper, cherchant à deviner à quoi correspondaient ses trente-neuf boutons, numérotés de un à trente-neuf, et qui pouvaient, chacun, prendre trente-neuf positions différentes. Il devait y avoir un moyen de découvrir ce que je cherchais…

Benny s’était rapprochée de moi. Une épaule touchant presque la mienne, elle suivait avec attention tout ce que je faisais.

Une idée me vint : je ramenai tous les boutons à zéro, puis je mis le premier sur le chiffre un.

Ce n’était pas ainsi que l’on devait se servir d’un peeper, mais cela allait peut-être me permettre de savoir quels éléments le « un » du premier bouton apportait à la composition des tableaux d’ensemble. Ayant porté le peeper à mes yeux, je regardai, et j’eus la surprise de me retrouver dans une prairie comme celle où je m’étais si souvent ébattu dans mon enfance. Mais cette prairie était d’un vert qu’aucune prairie n’a jamais eu. Un ruisseau y courait ; des papillons batifolaient dans le ciel d’un bleu de soie moirée. Je savais comment je découvrais l’herbe, humide et douce, sous mes pieds nus. Je savais comment la lumière du soleil se reflétait dans l’eau du ruisseau. Et je savais aussi que cette prairie, qui me rappelait ma jeunesse heureuse, était située en un lieu où le jour n’avait pas de fin.

Il m’en coûta d’éloigner le peeper de mes yeux. Il m’en coûta plus encore de ne pas y regarder de nouveau. Mais ma volonté finit par l’emporter. Il ne fallait pas que je me replonge dans la contemplation de ce tableau évocateur de ma jeunesse ; sinon…

Je décidai alors de tenter une seconde expérience. Je remis le premier bouton à zéro, passai au trente-neuvième, que je mis au premier cran. De nouveau, je regardai dans le peeper. Une atroce vision me remplit d’horreur. Pourtant, je ne pouvais pas en détacher mon regard ! J’étais la proie d’une sorte de fascination hypnotique devant ce tableau qui semblait un concentré surréaliste de tout ce que le monde peut offrir die plus abominable.

Frissonnant, je finis par laisser le peeper tomber de mes mains. Je restai, un long moment, le cerveau vague, étourdi et bouleversé par ce que je venais de voir et de ressentir.

Quand j’eus recouvré mon équilibre, je ne pus m’empêcher de donner raison aux législateurs. Oui, le peeper est une terrible chose, dont il est sage de proscrire l’usage !



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