L'intervention précoce pour enfants autistes: Nouveaux principes pour soutenir une autre intelligence by Laurent Mottron

L'intervention précoce pour enfants autistes: Nouveaux principes pour soutenir une autre intelligence by Laurent Mottron

Auteur:Laurent Mottron [Mottron, Laurent]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Mardaga
Publié: 2016-05-23T22:00:00+00:00


Conclusion sur le renforcement

La critique de l’usage systématique du renforcement est cohérente avec le peu de considération que j’accorde au behaviorisme comme modèle d’apprentissage autistique, mais plus généralement, humain et même animal. Je réfute de manière ferme cette proposition que « tous les apprentissages sont régis par les principes behavioristes », parce qu’ils court-circuitent l’intelligence. L’usage des renforcements va de pair avec un choix de cible d’intervention que je désapprouve, dans sa nature aussi bien que dans sa chronologie. La position soutenue ici est que l’utilisation systématisée de renforcement pour l’apprentissage est le moyen le plus coûteux d’apprendre en temps, mais aussi au niveau des désagréments, pour l’enfant et sa famille. C’est aussi le moyen le plus éloigné de la façon dont un autiste apprend, et sa nécessité devient caduque dès lors qu’on modifie le contenu de ce qu’on souhaite apprendre à l’enfant, les cibles de l’apprentissage, et la technique d’apprentissage.

Il ne s’agit pas d’adopter une attitude puritaine vis-à-vis de la roublardise minimale qu’on s’autorise en tant que parent, alors qu’on sait qu’une conséquence plaisante aide à la résolution ponctuelle d’une crise ou à l’avancement d’une tâche. Il est d’ailleurs tout à fait possible, et éthiquement neutre, d’utiliser sporadiquement une monnaie d’échange contre l’obtention d’une tâche à laquelle un enfant se soustrait, alors que, par ailleurs, il en conçoit la nature et est apte à la réaliser. Cela ne pose pas, plus (ou pas moins !) de problèmes éthiques qu’avec l’enfant typique, et ne vous fait pas souscrire au catéchisme behavioriste pour autant. Il s’agit de refuser d’en faire un système hégémonique, qui régisse le mode d’apprentissage principal des enfants autistes, pour leur faire passer des apprentissages qu’on juge prioritaires.

L’enfant autiste accepte ce qui lui est demandé avec la même bonne ou mauvaise volonté qu’un enfant typique. Le cadre de vie de l’enfant – ce qui est permis et ce qui est défendu – peut être montré à l’enfant sans usage de renforcement. L’enfant apprend la place qu’il y jouera au cours du développement quand il le regarde fonctionner. L’exposition d’un enfant au déroulement d’une tâche et à sa finalité, comme aux limites de sa liberté, lui fournit le cadre de compréhension dans lequel s’inscrit ce qui lui est demandé. La motivation à accomplir la tâche vient de la réussite même de celle-ci autant que de l’approbation qu’elle suscite, et cette dernière n’a pas à être artificiellement rehaussée pour jouer son rôle. Sa réussite passe par sa compréhension. Le rôle et l’efficacité du renforcement tombent d’eux-mêmes si les cibles changent, et si on laisse l’enfant apprendre le monde à sa façon avant qu’il ne parle, et qu’on lui transmet des contenus de façon plus exigeante et détaillée. L’utilisation de renforçateurs sociaux est fondée sur l’assimilation de la socialisation à ses indices neurotypiques, comme si l’on donnait plus de valeur à la grimace qu’à la participation effective au groupe. La socialisation est une chose trop importante, trop grave, trop complexe pour la réduire à ses indices de surface, et les autistes ne s’y trompent pas.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.