L'incroyable voyage de Coyote Sunrise by Dan Gemeinhart

Auteur:Dan Gemeinhart [GEMEINHART, Dan]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
ISBN: 9782823870886
Éditeur: 12-21
Publié: 2020-04-16T04:00:00+00:00

Chapitre 24

NOUS SOMMES arrivés vraiment trop vite à Petoskey, dans le Michigan.

Petoskey n’était pas seulement une ville, un point sur une carte ou une tía qui attendait – Petoskey était un adieu.

Je n’ai rien contre les gentils habitants de cette ville, mais dès l’instant où j’y suis arrivée, j’ai détesté Petoskey.

La veille au soir, j’avais cru que je ne parviendrais jamais à m’endormir. Et puis, la seconde d’après, j’ai ouvert les yeux et le soleil était en train de se lever. J’ai senti que nous étions dans le fin fond du Michigan, et j’ai détesté ça. J’ai regardé le soleil, sourcils froncés.

Ivan était allongé à côté de moi, ses yeux bleus me fixaient d’un air endormi.

— Bon… Inutile de faire traîner les choses en longueur, amigo. Je crois que c’est mieux quand on tire d’un coup sec.

Ivan s’est contenté de bâiller, donc je me suis levée et j’ai ouvert mon rideau.

Lester était toujours au volant, héroïque, Rodeo ronflait au milieu de sa pile de couvertures et Mme Vega était endormie sur le canapé. Salvador était réveillé, lui. Assis sur la chaise, en face du canapé, il lisait l’exemplaire usé du Seul et unique Ivan que je lui avais donné la veille. Il a levé les yeux vers moi quand je suis sortie de ma chambre, puis a détourné très vite le regard, et j’ai compris qu’il était peut-être dans le même état que moi.

Les mâchoires serrées, je me suis approchée de lui.

— Salut, ai-je dit.

— Salut, a-t-il répondu.

Puis je me suis penchée pour regarder les pins qui défilaient derrière la vitre et qui ressemblaient clairement aux pins du Michigan.

— Où sommes-nous, exactement ?

Salvador a haussé les épaules.

— Lester a dit qu’on arriverait dans une heure, il y a une demi-heure.

— Ah, cool.

Quelques secondes ont passé, et j’ai lâché :

— Hé. Pas d’adieux, OK ? Tu es cool, et on est amis, et on te dépose là, et voilà. Quand on arrivera là-bas, tu pourras juste prendre tes affaires et descendre ? Je ne veux pas dire au revoir. C’est plus facile, comme ça. OK ?

J’avais appris la leçon à la dure toutes les fois où j’avais commencé à devenir amie avec un enfant dans un camping, ou à l’hôtel, ou sur un parking, ou dans une bibliothèque, et qu’on devait partir. Les adieux, je connais. Les meilleurs, c’est ceux qu’on ne dit pas fort.

Salvador a cligné les yeux.

— OK.

J’ai commencé à aller à l’avant du bus, mais Salvador a dit :

— Attends !

Et il m’a tendu une feuille de papier pliée. Je l’ai prise et je me suis éloignée. Je me suis laissée tomber sur un siège à côté de Lester, j’ai déplié la feuille et, dessus, il y avait juste écrit : « Ton ami Salvador » et un numéro de téléphone. Le papier à la main, j’ai regardé par la fenêtre, avec, sur le visage, un sourire.

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