L'héritage des yôkais : destins entremêlés - Tome 1 (light novel) (French Edition) by Tiphaine Levillain

Auteur:Tiphaine Levillain [Levillain, Tiphaine]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Tiphaine Levillain
Publié: 2023-12-02T23:00:00+00:00

Chapitre Onze

Meikô Yumi

Kadan était une ville fascinante et j’en dévorai chaque détail des yeux. J’aimais sincèrement Takumi, où j’avais grandi et que mes parents avaient protégé jusqu’à la mort, mais c’était juste un petit village perdu en plein massif forestier, entouré par ses cultures, avec toujours les mêmes visages. Des visages heureux et souriants, la plupart du temps, mais j’avais parfois été curieuse de plus.

Et, alors que je suivais Izumi d’étage en étage, montant plus haut encore sur la pente raide de l’imposante montagne, je me surpris à ressentir une brûlante envie de voyager et de découvrir les autres villes de Kigai, mais aussi les îles de Shima, les plaines de Honryû et les bâtiments d’un blanc étincelant de Shirotama, sa capitale, et… Et on croyait entendre Kazuo.

Kazuo, qui avait décidé que voyager était plus important que de rester auprès de nous. Je l’avais laissé partir sans regret. C’était mieux pour tout le monde, même pour Nozomi. J’avais été jalouse, cependant, chaque fois que j’y avais pensé au début. Kazuo n’était pas un shinobi. C’était un artisan. Il était libre de ses mouvements et pouvait courir le monde comme bon lui semblait, alors que moi, je devais rester à Takumi.

Mais maintenant que Takumi n’était plus, je devrais bientôt songer à un autre endroit où vivre et Kadan me plaisait bien. J’imaginais sans mal Nozomi jouer dans les rues que nous parcourions.

Quand nous passâmes devant l’école où était formée la future génération de shinobis, Izumi s’arrêta un instant pour contempler les enfants qui s’entraînaient au lancer de shuriken. Je les observai moi aussi, le regard brillant. Mahô, elle, posa les poings sur les hanches dans une attitude clairement accusatrice.

— La paix n’était-elle pas censée dispenser ces enfants de connaître la même vie que nous ?

Izumi afficha un air sincèrement surpris.

— Bien sûr. À Kadan, de moins en moins d’enfants décident de suivre la voie des shinobis.

— Ah.

Mahô lança un regard critique à la vingtaine d’enfants actuellement en train de s’exercer.

— Kadan abrite des centaines habitants, expliqua Izumi. À mon époque, nous étions encore trois fois plus nombreux.

Elle glissa sa main dans le grillage qui les séparait du terrain d’entraînement.

— Mais nous ne pouvons malheureusement pas encore fermer ces écoles. La paix reste fragile malgré les efforts de nos Ninshûs. Nous avons besoin de shinobis pour la préserver.

Mahô pinça les lèvres, mais ne dit rien. C’était une discussion que nous avions déjà eue de nombreuses fois, toutes les deux, à cause de Nozomi. Nous finissions toujours par tourner en rond. Bien sûr, avec les renégats, il fallait pouvoir se défendre et imposer la paix… Mais, du coup, la paix était-elle réelle ? Et comment choisir quels enfants devaient être sacrifiés pour que les autres puissent grandir dans l’insouciance ?

Mahô refusait cela pour Nozomi, mais je savais que c'était le destin qui l'attendait lui aussi et j'y étais préparée depuis le début de ma grossesse.

— Venez, déclara Izumi après un long silence. Je vais vous montrer où vous logerez pour toute la durée de votre séjour.

Elle continua de nous guider toujours plus haut tout en poursuivant sa visite.

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