L'extraordinaire Marcel by Carole Deschamps

Auteur:Carole Deschamps [Deschamps, Carole]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie
ISBN: 9782081485747
Éditeur: Flammarion
Publié: 2020-03-16T23:00:00+00:00

Une nouvelle vie commence

Maman a besoin de temps pour organiser notre nouvelle vie. Elle fait ça merveilleusement bien, mais je sens qu’elle est fatiguée par toute l’énergie dépensée. J’espère que si elle prolonge son congé maternité par un petit arrêt, comme le lui suggère son médecin, personne ne lui en voudra…

Au pied du bâtiment dans lequel je travaillais se trouve une jolie petite crèche ; à quelques mois de grossesse, j’y avais pointé le bout de mon nez, pleine d’espoir : « Pourrai-je y mettre mon enfant ?

— Ça dépend… Il faut constituer un dossier pour qu’il soit présenté en commission. Mais l’accord dépend de votre situation familiale, de vos revenus… »

Nous sommes loin de gagner des millions, Sylvain et moi, mais je me doutais bien que travaillant tous les deux, notre chance d’obtenir une place dans cette crèche serait compromise.

Ça n’a pas loupé. Première commission de septembre 2015 : refus.

Lors de la seconde commission, après la naissance de Marcel, grâce au soutien de Marie, la directrice de la crèche qui a défendu notre dossier – et surtout au chromosome surnuméraire de Marcel –, nous avons obtenu notre admission. Youpi ! Étant donné notre organisation ultra-millimétrée et nos emplois du temps quotidiens, cette réponse positive fut un réel soulagement. Le déposer pour la journée si près de mon travail nous éviterait de courir et de faire des kilomètres.

C’est à l’âge de six mois que Marcel a commencé à aller à la crèche. Il a fait une adaptation tout en douceur, pendant un mois complet. La première année, il y passait trois jours par semaine et c’était sans aucune appréhension que nous l’y laissions. Nous l’avons senti immédiatement épanoui avec ses copains et ses copines « ordinaires », et bien entouré par une équipe géniale et à l’écoute. De plus, l’énorme avantage pour notre organisation à ma reprise du travail, c’est que deux des professionnelles qui l’accompagnaient se déplaçaient à la crèche pour ses séances hebdomadaires. Ça allégeait drôlement le reste de la semaine !

Compte tenu de mon accouchement prématuré (j’aurais dû accoucher cinq semaines plus tard, le 11 décembre 2015), mon congé maternité a pris fin début mars 2016, lorsque Marcel avait presque quatre mois. Bien que cette reprise soit « retardée », je me sentais absolument incapable, psychologiquement, de me remettre au travail et de laisser mon bébé. Après en avoir informé mon employeur, j’ai donc demandé à mon médecin traitant de prolonger mon arrêt. Entre les démarches administratives en cours, les dossiers à constituer, le suivi médical à mettre en place et les soins quotidiens de Marcel, toutes ces choses qui me demandaient énormément de temps et d’investissement, j’étais épuisée.

Ajoutons à cela, bien évidemment, la première raison pour laquelle je n’étais pas prête : la digestion du handicap. Le bouleversement était encore trop frais.

Alors qu’à mon poste d’assistante de direction et du service Ressources humaines je voyais défiler les arrêts de travail abusifs et répétitifs, j’ai été choquée de recevoir une convocation de la CPAM pour prouver que mon

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