L'Esthétisme dans l'art by William Hogarth

Auteur:William Hogarth [Hogarth, William]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9781783108909
Éditeur: Parkstone International

Diego Velázquez, Le Christ sur la croix, vers 1632.

Huile sur toile, 248 x 169 cm. Museo Nacional del Prado, Madrid.

Rembrandt Harmenszoon van Rijn, La Compagnie de Frans Banning Cocq et Willem van Ruytenburch intitulée La Ronde de nuit, 1642.

Huile sur toile, 363 x 437 cm. Rijksmuseum, Amsterdam.

Georges de La Tour, L’Adoration des bergers, vers 1645-1650.

Huile sur toile, 107 x 131 cm. Musée du Louvre, Paris.

Il faut que nous nous représentions ces deux statues de la même grandeur, qui ne doit pas excéder six pieds. Nos deux extrêmes se trouvant de cette manière placés en présence l’un de l’autre, nous supposerons que l’Atlas se défait par degrés de cette surcharge de muscles et d’os qui le caractérisent, afin de parvenir à la légèreté et à l’agilité, comme s’il voulait prendre la forme élancée et aérienne de Mercure, tandis que la figure de Mercure s’approprie cet excédent de parties correspondantes de la figure de l’Atlas. Au moment où ces deux figures seront parfaitement semblables et d’un poids égal, on pourra dire qu’elles sont l’une et l’autre dans les formes et les proportions exactement nécessaires à la réunion de la force musculaire et de la grâce dans les mouvements, telle que nous l’admirons dans l’Antinoüs que nous avons pris pour modèle.

Je crains que cette partie de mon ouvrage destinée à donner une explication des proportions exactes du corps humain ne soit pas aussi satisfaisante que je pourrais le désirer. Quoi qu’il en soit, je vais la soumettre au jugement du lecteur, comme le moyen le plus convenable que je puisse employer dans une matière de cette difficulté. Il est nécessaire pour cela que je donne quelques éclaircissements, en observant que deux couleurs opposées et distinctes de l’arc-en-ciel en produisent une troisième entre elles, en se communiquant leurs qualités réciproques, comme par exemple le jaune le plus brillant et le bleu le plus vif qui s’en trouve à une certaine distance, s’approchent visiblement et se confondent par des teintes insensibles. De sorte qu’au lieu de se détruire, ces deux couleurs se tempèrent mutuellement et finissent par former un composé solide, ce qui fait qu’à une certaine distance elles cessent absolument d’être ce qu’elles étaient dans leur principe, et produisent, par leur union, ce vert agréable, cette couleur par excellence dont la nature a fait choix pour le vêtement de la terre, et que l’œil ne se lasse jamais de contempler.

D’après l’ordre des idées, que la description que l’on vient de lire des trois figures en question peut avoir fait naître, il sera facile de placer entre elles plusieurs autres figures de différentes proportions. Comme le peintre, au moyen d’un certain ordre dans la disposition des couleurs de sa palette, forme sur-le-champ l’espèce de teinte qu’il désire, nous pouvons de même mêler et réunir dans notre imagination les parties convenables pour donner à notre statue le caractère que nous voulons, ou du moins sommes-nous par là en état de juger comment ces caractères sont composés quand nous les voyons dans la nature ou dans l’art.

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