Les Sorcières d'Astria 6 Une vieille vengeance by Marliese Arold

Auteur:Marliese Arold [Arold, Marliese]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2022-12-15T00:00:00+00:00

Ils volaient vers le nord, à une altitude élevée. En dessous, Eusébius voyait défiler des collines et des rivières, de temps à autre un petit village. Le faucon semblait ignorer la fatigue. Il filait comme une flèche, et Eusébius peinait à le suivre.

Le paysage changea, les montagnes devinrent plus hautes. Certains sommets étaient couronnés d’une neige rouge scintillante. Sûrement les Monts Sanglants. Pourvu que ce ne soit pas la destination choisie par Mafaldus ! Ce lieu inquiétant avait jadis été le théâtre d’un drame terrible. Depuis lors, la neige se teintait de rouge. D’après la rumeur, les esprits de ceux qui avaient trouvé une mort tragique dans les Monts Sanglants revenaient hanter cette contrée. Les sorciers préféraient l’éviter, car soit leurs pouvoirs magiques ne fonctionnaient pas là-bas, soit ils échappaient à leur contrôle. Il arrivait que des jeunes en mal de sensations fortes et désireux de relever un défi s’y rendent pour y passer la nuit. Mal leur en prenait : la plupart d’entre eux ne revenaient pas. Et les autres restaient perturbés à tout jamais, traumatisés par les choses épouvantables qu’ils avaient vues ou vécues.

Par chance, Mafaldus Horus poursuivit son chemin. Le jour commençait à tomber, et le pays ne tarda pas à être plongé dans l’obscurité. Eusébius craignait déjà de devoir voler toute la nuit, quand Mafaldus se posa sur un promontoire rocheux, s’ébroua et reprit son apparence normale. Eusébius en fit autant.

— C’est ici que nous allons dormir, déclara Mafaldus, sans donner d’explication. Tu peux monter notre tente.

Comment Mafaldus savait-il que l’un des sacs contenait une tente ? se demanda Eusébius. On ne pouvait manifestement rien lui cacher, et ce constat n’était pas rassurant. Eusébius entreprit de planter la tente à l’abri d’un rocher, dans un coin protégé du vent. Il prononça une formule magique pour emboîter les piquets, une autre pour déployer les toiles et les fixer aux bons endroits. Mafaldus assistait à l’opération, les bras croisés. La tente était noire, et les flammes rouges qui dansaient sur ses parois fournissaient la chaleur et la lumière nécessaires, sans que l’étoffe s’enflamme.

Eusébius se glissa à l’intérieur pour disposer les sacs de couchage. Il prit soin de les éloigner l’un de l’autre, car il redoutait de sentir le souffle du mage pendant son sommeil. Si cela n’avait tenu qu’à lui, il aurait dormi à la belle étoile, mais ça risquait de vexer Mafaldus ou de mettre une mauvaise ambiance. Ce qu’il était préférable d’éviter…

Quand il ressortit, il surprit un sourire narquois sur les lèvres du grand sorcier.

— Tu n’es pas très habile, n’est-ce pas ?

Cette remarque agaça Eusébius.

— Pourquoi dites-vous ça, maître ? demanda-t-il en essayant de ne pas le laisser paraître.

— Parce que tu fais encore beaucoup de choses à la main. Tu n’utilises pas tout ton potentiel, répondit Mafaldus.

— Je me réserve pour les opérations importantes, répliqua Eusébius. Du reste, mieux vaut ne pas se reposer entièrement sur la magie, car il y a des endroits où elle ne fonctionne pas.

— Tu as entièrement raison ! commenta Mafaldus.

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