Les serviteurs de l'Ordre - Tugdual 2 by Anne Plichota et Cendrine Wolf

Auteur:Anne Plichota et Cendrine Wolf [Wolf, Anne Plichota et Cendrine]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2017-11-07T00:00:00+00:00

25.

La discothèque était comble en ce vendredi soir – presque samedi matin. L’ambiance semblait survoltée, ainsi que le confirma un groupe de filles en ouvrant la porte à la volée. Des ondes de musique aux rythmes graves et hypnotiques jaillirent de l’intérieur et se propagèrent dans l’obscurité à peine rompue par le faible halo de quelques lampadaires.

Les membres d’OMG avaient pris soin de joindre un plan des lieux au dossier Chandler. Tugdual, Mortimer et Zoé savaient exactement où aller. Mais pour le moment, motivés d’une étrange façon après une énième lecture des informations à charge, ils observaient le va-et-vient de celles et ceux qui entraient et sortaient pour fumer une cigarette, flirter à l’écart de la foule ou tout simplement respirer l’air à peine rafraîchissant de la nuit.

— Bon, on y va ? lança soudain Mortimer.

— Trop tôt, objecta Tugdual.

Il jeta un coup d’œil à son téléphone portable.

— Dans une demi-heure au grand maximum, tu verras, il n’y aura plus personne.

Il avait raison. Des projecteurs s’allumèrent bientôt sur le parking vers lequel convergèrent des dizaines de jeunes bruyants et en sueur. La discothèque ferma ses portes, alors que certains s’attardaient encore à ses abords, repoussant le moment de se quitter. Des voitures passèrent les unes après les autres, pare-choc contre pare-choc. Puis la nuit redevint déserte et silencieuse après que les employés eurent quitté à leur tour le parking. Enfin, les projecteurs s’éteignirent sur la seule voiture qui restait.

— Kaiiisuuus ? souffla Mortimer.

— Kaiiisuuus ! approuvèrent en chœur Tugdual et Zoé.

Ils émergèrent de leur cachette, un bouquet de végétation aux larges feuilles poussiéreuses, et se dirigèrent d’un pas décidé vers la bâtisse en forme de cube. Autant l’entrée était soignée, un brin clinquante avec ses palmiers et son tapis rouge, autant l’arrière se révélait glauque. L’odeur des poubelles qui débordaient et quelques flaques de vomi parachevaient l’impression de s’enfoncer dans la crasse.

— Bienvenue dans le joli petit monde des paillettes… ironisa Tugdual.

À visage découvert et en vêtements ordinaires, les trois justiciers traversèrent le mur à l’endroit exact où se trouvait le bureau des propriétaires de la discothèque. Derrière la table rectangulaire où ils se tenaient debout, Rob et Dotty Chandler poussèrent un cri de surprise.

— Qu’est-ce que…

Mortimer et Zoé ne purent s’empêcher d’échanger un regard de connivence. Ils suscitaient toujours cette réaction et la même question qui restait incomplète, en suspens. Cela devenait leur petite distraction personnelle. D’un geste de la main, Mortimer fit voltiger les téléphones, portables et fixes, qui se trouvaient sur le bureau. Paniqué, Rob Chandler se saisit d’un revolver, apparemment à portée de main sous la table, sans pourtant parvenir à impressionner les trois Cobb.

— Qui que vous soyez, sortez d’ici tout de suite ! assena-t-il en braquant l’arme sur eux.

Au lieu d’obéir, Tugdual soupira bruyamment et tourna les talons pour fermer l’énorme verrou de la porte blindée.

— Vous voulez de l’argent, c’est ça ? poursuivit l’homme.

Sans attendre de réponse, il claqua des doigts en direction de sa femme, figée derrière lui. Elle frémit, ouvrit le coffre-fort intégré dans un meuble massif et en sortit plusieurs liasses de billets.

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