Les plus belles choses vivent à l'intérieur by Céline Fuentès

Les plus belles choses vivent à l'intérieur by Céline Fuentès

Auteur:Céline Fuentès [Fuentès, Céline]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature
Éditeur: Auto-Édité
Publié: 2020-11-11T05:00:00+00:00


Chapitre quinze

Je regardais les maisons que j’avais longées à maintes reprises adolescent. Combien de fois avais-je traversé le petit village de montagne, à pied, pour rejoindre l’abri bus du lycée ? Des milliers. Seul, mon sac sur le dos, par tous les temps. La neige, le froid, le vent glacial, la pluie fine d’automne ou le soleil des jolis mois de juin. C’était une des joies de la jeunesse, ne pas craindre le mauvais temps. De toute façon, il n’y avait pas de place pour choisir. Il fallait juste faire ce qui devait être fait. Sans discuter et encore moins se plaindre.

Là, je n’avais pas envie de parler, pas tout de suite. Quitter Jimmy m’était difficile pour la première fois de ma vie. Une urgence inattendue me serrait les tripes, je devais rattraper tout le temps perdu avec lui. Ces quelques jours m’avaient bouleversé. Je me rendais compte tout à coup de la chance que j’avais de l’avoir encore. Lui et moi, nous devions être ensemble, même de loin. Il avait besoin de moi et, je me l’avouais enfin, j’avais besoin de lui aussi.

J’ai tourné les yeux vers ma femme. Comme toujours, au volant, elle était très concentrée. Elle regardait droit devant elle, le dos un peu courbé sur le volant et le siège beaucoup trop rapproché. Elle avait toujours conduit de cette manière. J’avais essayé plusieurs fois de lui dire qu’elle serait plus à l’aise si elle le réglait à la bonne distance, mais rien à faire, elle s’obstinait. Cela lui donnait un peu l’allure d’une vieillarde peu confiante. Sa chevelure brune éclatante et son petit nez retroussé lui conféraient tout de même une certaine élégance.

— Tu as réservé où ? ai-je demandé en sachant qu’elle n’aimait pas trop discuter quand elle était au volant, pour garder toute sa concentration.

— À Moutiers.

— Tu as trouvé un restaurant sympa là-bas ? Ça m’étonne de toi…

— Je crois qu’on avait besoin de revenir aux sources… On en parle après, laisse-moi conduire s’il te plait.

Tout à coup, je reprenais espoir en elle, en nous. Si Anastasia était capable de venir jusqu’au Breuil et de réserver un restaurant à Moutiers qui avait vu naître notre amour, c’était que notre relation comptait encore pour elle et que tout pouvait s’arranger. J’en étais certain, ce moment serait synonyme de complicité retrouvée. Un virage serré à ne pas rater. Je ne regrettais plus du tout notre départ trop précipité, mis à part le fait de n’avoir pas pu saluer Pierrot. Je savais que mon ami tenait à ces petits riens de l’ordre de la politesse et du respect. Il m’en voudrait certainement un peu, mais il comprendrait, il n’était pas mon pote pour rien.

L’entrée de la ville de Moutiers est apparue rapidement. Perdu dans mes émotions contradictoires, je n’avais pas vu le temps passer. Les rues étaient grises, rien n’avait vraiment changé. Quelques commerces avaient baissé leurs rideaux et les passants n’avaient pas l’air épanouis d’arpenter ces trottoirs usés. Même le soleil n’arrivait pas à atteindre les quelques terrasses des cafés trop peu fréquentées.



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