Les pirates chinois by Fanny Loviot

Les pirates chinois by Fanny Loviot

Auteur:Fanny Loviot [Loviot, Fanny]
La langue: fra
Format: epub
Tags: BIB Litt. Générale
Éditeur: DIVERS
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


CHAPITRE VII

Désespoir. – J’écris la date de ma captivité. – Apparence de bonté des pirates. – Un joyeux repas. – Un steamer eu vue. – Fuite des pirates vers la montagne. – Coups de canon sur notre jonque. – Reconnaissances. – Hourra ! Hourra ! – Je suis sauvée.

Avec le jour, nous avions espéré que l’on nous donnerait un peu de liberté, mais il n’en fut rien. Les pirates reçurent à bord les marchands avec lesquels ils font commerce de troquer en mer les marchandises volées, et tout préoccupés par l’appât du gain, ils semblaient nous oublier complètement. Mon séjour dans ce réduit insalubre avait fait sortir sur tout mon corps des petits boutons rouges et gros comme des têtes d’épingles ; la sueur coulait de mon visage, il y avait si longtemps qu’on nous tenait enfermés dans cette atmosphère suffocante que j’étais pour ainsi dire asphyxiée. Étendue sur les planches de mon cachot je poussais de douloureux gémissements ; ma souffrance était grande, mon compagnon essayait par de douces paroles de relever mon courage, mais je n’avais pas la force de lui répondre. Après vingt-quatre heures d’un pareil supplice, un son métallique parvint jusqu’à nous. C’étaient ces dignes émules de Mandrin qui vidaient entre eux leurs comptes. Nous entendîmes verser des sacs, et le bruit que faisait, l’argent en tombant dans les balances, car, outre les dollars, on se sert en Chine d’argent pur et non monnayé ; ce métal en barres ou en petits morceaux est reçu par tout le commerce.

Tous les receleurs s’en allèrent à la fin. Nos geôliers ne redoutant plus qu’on nous découvrît, se souvinrent de nous, il était temps ! Ils entrouvrirent notre panneau à moitié, et nous respirâmes à pleins poumons : j’aspirai avec délices la fraîcheur de l’une des nuits les plus belles que j’aie vues dans ces lieux lointains.

Le lendemain était le 17 ; le jour qui se levait était brillant et splendide ; les pirates vinrent à la première heure, à notre grand étonnement, enlever tout à fait notre panneau. Ils paraissaient joyeux et semblaient vouloir nous être agréables comme à des amis qu’une circonstance fâcheuse aurait forcé de négliger un moment. L’heure du déjeuner venue, ils nous apportèrent à manger avec plus d’abondance qu’ils ne l’avaient fait jusqu’alors et nous offrirent du vin. Cette boisson est faite avec du riz fermenté ; elle est claire comme de l’eau, et possède un petit goût suret qui rappelle un peu le vin nouveau de France.

Comme la jonque marchait en vue d’une côte déserte, les pirates n’avaient aucune crainte relativement à nos personnes. Ils laissèrent donc, pour la première fois, notre cellule ouverte tout le jour ; ils engagèrent Than Sing à monter sur le pont, et cela avec une affabilité qui nous surprenait. Aussi, malgré la frayeur, la répulsion que m’inspiraient ces hommes, j’avais envie de le suivre. J’avais tant souffert pendant ces deux jours qu’ils m’avaient tenus sous le séquestre, que c’était pour moi un bonheur plein d’ivresse, de pouvoir jouir librement des rayons du soleil.



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