Les petites histoires de Dragomira by Anne Plichota & Cendrine Wolf

Auteur:Anne Plichota & Cendrine Wolf [Anne Plichota & Cendrine Wolf]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse, OksaPollock, Contes
ISBN: 978-2-84563-760-3
Éditeur: XO Jeunesse
Publié: 2014-11-01T00:00:00+00:00

FIN

LE VÉLOCE ET LE MOU DU BULBE

n cette jolie journée printanière, le Gétorix ne tenait pas en place. Il sautillait, trépignait, s’agitait dans tous les sens, enquiquinait tout le monde.

— Hé, Foldingot ! Tu veux faire la course avec moi ?

— La domesticité rencontre l’occupation volumineuse et l’incapacité de galoper aux côtés de ses congénères, répondit le petit intendant, un fer à repasser à la main.

— Pfffff… soupira bruyamment le Gétorix. Et vous, les Devinailles, ça vous tente ?

Des piaillements irrités jaillirent d’un panier recouvert d’une épaisse couverture.

— Courir par ce temps glacial ? Vous cherchez à nous tuer ?

— Il fait dix-neuf degrés et grand soleil, les Poulettes ! rétorqua le Gétorix. Allez, venez vous dégourdir les papattes !

— Au-dessous de vingt-cinq degrés, il est HORS de QUESTION que nous mettions le bec dehors !

Le Gétorix secoua son extravagante chevelure.

— Culbu-Gueulard, ça te dit ?

— Euh, je n’ai ni jambes ni pattes, alors pour la course, ça va être dur… Mais je veux bien faire une partie de petits chevaux.

— Non ! Les petits chevaux, je m’en bats l’œil !

— Ouille ouille ouille… intervint l’Insuffisant. Ça doit faire drôlement mal…

Il regarda le Gétorix décoiffé d’un air plein de pitié.

— Moi, je veux bien faire la course avec vous, dit-il avec une telle lenteur qu’on l’eût cru prêt à s’endormir.

— La bonne blague ! s’exclama le Gétorix hilare. Je vais avoir le temps de faire dix fois le tour avant même que tu te mettes en route !

Il fit de gracieux petits bonds dans tous les sens en trompetant :

— Je vais gagner, je vais gagner, je vais gagner…

— Vous allez gagner quoi ? demanda l’Insuffisant.

— La course, Mou du Bulbe !

— Ah ? Vous croyez{10} ?

Ces mots dits, les voilà sortis tous les deux pour délimiter le parcours. Intriguées, les autres créatures les suivirent (sauf les Devinailles qui se pressèrent aux fenêtres, à l’abri). L’Insuffisant avançait d’un pas nonchalant, peinant à véhiculer sa masse pansue, pendant que le Gétorix tournait autour de lui, des railleries plein la bouche.

— Allez, mon Gros Balourd ! On se bouge, on se secoue, on se remue !

— Je croyais qu’on allait faire la course, pas de la gymnastique ! rétorqua l’Insuffisant.

— Bon, écoute bien : on part du coin de la maison, on va jusqu’au grand peuplier sur la colline et on revient jusqu’au point de départ. T’as compris ?

Les paupières plissées de l’Insuffisant battirent vaguement.

— Maison… peuplier… maison… ânonna-t-il d’une voix traînante.

— Je parie cent contre un que le Gétorix gagne ! chuchota le Culbu-Gueulard.

— L’évidence peut procéder à la rencontre avec la surprise et faire le renversement du résultat, tempéra le Foldingot (qui avait abandonné sa corvée de repassage).

— Tu veux rire ! fit le Gétorix. Comment veux-tu que le Morse Obèse gagne ?

— Je suis prêt ! lança ce dernier avec bonhomie.

Le Gétorix bondit jusqu’à la ligne de départ.

— Trois, deux, un… Partez !

Le corps aux multiples replis de l’Insuffisant s’ébranla et avança de quelques décimètres alors que le Gétorix partait comme une flèche, allègre et véloce.

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