Les orphelins de métal by Pádraig Kenny

Les orphelins de métal by Pádraig Kenny

Auteur:Pádraig Kenny [Kenny, Pádraig]
La langue: fra
Format: epub
Tags: BIB Jeunesse
ISBN: 9782371021693
Éditeur: Éd. Lumen
Publié: 2019-04-03T22:00:00+00:00


CHAPITRE 19

Les portes de l’ascenseur étaient recouvertes d’un lacis complexe de branchages et de ronces gravé dans le métal sombre. Cormier appuya sur un bouton et elles s’ouvrirent sur un garçon de petite taille en uniforme marron et casquette de liftier.

— Quel étage, monsieur ? lança-t-il après qu’ils furent tous entrés.

— Le dernier, s’il vous plaît, répondit Cormier.

Le garçon pressa un bouton et les portes se refermèrent. Il y eut un silence, un claquement, puis l’ascenseur s’éleva dans un soubresaut.

Cormier se racla la gorge et s’efforça de regarder droit devant lui, mais quelque chose le tracassait. Il regarda le liftier, détourna les yeux puis, n’y tenant plus, demanda :

— Pilkington, c’est ça ?

— C’est exact, monsieur, répondit le garçon.

— Catégorie 4. J’ai raison ?

— Tout à fait. Catégorie 4 et fier de l’être.

Il y eut un autre silence, à peine troublé par les grincements de l’ascenseur. Avec un gros soupir, Cormier sortit une clef à molette d’une des poches de sa veste et s’agenouilla devant le garçon.

— Je peux ?

— Bien sûr, monsieur, répondit le liftier.

Cormier saisit son bras droit, le leva, l’abaissa et grommela :

— Je le savais.

Après avoir déboutonné la veste du garçon, l’inventeur resserra un écrou sur son épaule. Durant toute l’opération, le liftier garda les yeux fixés devant lui. Quand il eut terminé, Cormier lui demanda de lever et de baisser le bras. Le garçon obtempéra. Cormier sortit ensuite une fiole de la poche intérieure de sa veste pour lui huiler le coude et l’épaule.

— Et maintenant ?

Le liftier leva et baissa son bras sans le regarder.

— Je m’en suis aperçu au premier coup d’œil, marmonna l’inventeur, les yeux baissés.

Il semblait presque embarrassé. Le garçon continua de regarder dans le vide pendant que Cormier reboutonnait sa veste.

L’ascenseur s’arrêta dans un ultime soubresaut et les portes automatiques s’ouvrirent.

— Cinquième étage, annonça le liftier.

En sortant de l’ascenseur, Cormier s’inclina brièvement pour le remercier. Au moment de s’engager dans le couloir, Rob se pencha pour glisser à l’oreille de Jack :

— Tu as vu les sourcils de ce garçon ? Ils faisaient vrai de vrai.

Une petite fille en robe gris clair passa près d’eux avec un plateau surmonté d’une pile d’enveloppes. Comme Rob s’arrêtait pour la suivre des yeux, Jack le poussa gentiment de l’avant. Ils avaient à peine parcouru quelques mètres que Cormier s’arrêtait devant une porte ornée d’une plaque en laiton frappée au nom d’« EDGAR HIBBERT, COMMISSAIRE PRINCIPAL».

Cormier tambourina à la porte et fit irruption dans la pièce sans attendre de réponse.

Un petit homme chauve âgé d’une cinquantaine d’années était assis derrière un vaste bureau, près d’une baie vitrée. Vêtu d’un costume gris anthracite, il ouvrit de grands yeux étonnés derrière ses lunettes en les voyant entrer.

Trois chaises étaient disposées face à lui. Cormier tira celle du milieu, souleva les pans de sa veste et s’assit. Estelle et Jack prirent place de part et d’autre de l’inventeur et Rob vint se poster à sa droite.

Cormier sourit à l’homme qui le regardait bouche bée.

— Edgar, fit-il.

— Philip, répondit l’autre.



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