Les liens maudits by Plichota Anne

Auteur:Plichota Anne [Plichota Anne]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Hérétiques
Publié: 2012-11-05T23:00:00+00:00

Depuis plus d’une heure, elle était pelotonnée dans le fauteuil qui était rapidement devenu son préféré, un joli siège de cuir usé au moelleux incomparable. Non loin d’elle, posé sur un adorable bureau en bois de Majestique, son Elzévir brillait du doux éclat des Trasibules aux tentacules éclairants. Elle devrait bientôt s’atteler à la rédaction du récit de ses premiers pas de Gracieuse. Mais fallait-il tout dire ?

— Ma Gracieuse fait l’exposition d’un grand désarroi dans la niche de son cœur, fit remarquer le Foldingot en la contemplant de ses gros yeux bleus.

— C’est à propos du Secret…, précisa Oksa.

Le Foldingot soupira.

— Ce Secret ne rencontre pas la même composition que le précédent. Il ne fait pas la possession des conséquences et des contraintes similaires à celles du Secret-Qui-Ne-Se-Raconte-Pas. Possédez-vous la connaissance de son nom ? Il est comblé de sens.

— Non, les Sans-ge ne m’ont rien dit ! Mais si tu sais comment s’appelle le nouveau Secret, dis-le-moi, s’il te plaît !

— Le Secret Éphémère. Telle est sa désignation.

Oksa resta pensive quelques instants. Ses yeux passaient de la Pèlerine, soigneusement posée sur un mannequin d’osier, à l’immense baie vitrée à travers laquelle elle pouvait contempler Du-Mille-Yeux endormie, constellée d’une multitude de petites lumières tremblotantes.

— Le Secret Éphémère…, répéta-t-elle. Éphémère, peut-être. Mais avant tout, secret.

Un bruit la sortit de ses songes : on frappait à la porte. Le Foldingot se redressa. Mais, déjà, le Gétorix se précipitait, la chevelure en bataille et les jambes alertes.

— Qui va là ? brailla-t-il en direction de la porte. Qui ose déranger notre Gracieuse ? Parlez !

Oksa sourit. Le Gétorix n’était vraiment pas le champion de la demi-mesure.

— C’est Abakoum, fit une voix étouffée par l’épaisseur de la porte.

— Ouvre-lui tout de suite ! lança Oksa à la créature.

Abakoum entra dans la pièce. Son premier geste fut de serrer Oksa dans ses bras. La jeune fille s’y blottit, le souffle court.

— L’Homme-Fé et ma Gracieuse ressentent-ils l’attrait de laper une boisson gorgée de réconfort ?

Oksa rit doucement alors qu’Abakoum tapotait la tête chauve du Foldingot.

— Avec plaisir !

Le Foldingot s’éclipsa et un tintement de vaisselle s’éleva bientôt depuis une pièce attenante.

— Comment vas-tu, ma chère petite ? demanda Abakoum après avoir pris place aux côtés d’Oksa sur un sofa recouvert de fourrure sombre.

— Je ne crois pas avoir vécu de journée aussi… étrange que celle-ci, répondit-elle. J’avais l’impression d’être dans un jeu de simulation, tu sais, comme quand on doit construire des villes, mettre en place une administration, établir des règles… Et pourtant, je sais que tout ça est bien réel !

— C’est une épreuve peu ordinaire que tu viens de vivre, concéda Abakoum. Mais tu as été brillante, tu t’en es acquittée avec beaucoup d’habileté, je te félicite ! Et comme tu es partie plutôt vite après le Conseil, laisse-moi te livrer quelques commentaires…

Oksa, embarrassée, se passa les mains sur le visage.

— Tu as conquis le cœur de nos amis Du-Dedans et les Sauve-Qui-Peut sont tous fiers d’être à tes côtés, tout le monde a été très impressionné par ton assurance.

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