Les incroyables pouvoirs de la nature by Hugues Demeude

Les incroyables pouvoirs de la nature by Hugues Demeude

Auteur:Hugues Demeude
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Arthaud
Publié: 2020-07-15T00:00:00+00:00


Chapitre 8

Le chèvrefeuille des bois,

une liane grimpante volubile

S’ils se déplacent d’innombrables manières, les animaux n’ont pas pour autant le monopole de la mobilité. Comme nous l’avons vu à plusieurs reprises dans les parties précédentes au sujet de leur pouvoir de dispersion et de croissance, les végétaux ne sont ni végétatifs ni immobiles. Les enfants en sont du reste les premiers persuadés après avoir fini la lecture du conte populaire anglais Jacques et le haricot magique qui met en scène une plante capable de pousser jusqu’au ciel.

Souvent, nous faisons l’expérience de cette mobilité des plantes de façon plus familière. Qu’elles soient à fleurs, à feuillages persistants, ou fruitières, les plantes grimpantes nous environnent au quotidien. La puissante glycine « déroulant ses ardeurs opalines » comme l’écrivait Colette, le jasmin, la clématite, la bignole, le lierre, le mûrier ou la vigne sont autant de plantes qui font preuve de mouvement en se hissant, s’agrippant, s’enroulant. Elles vont voir ailleurs pour bientôt y être et s’y maintenir, avant de poursuivre encore leur chemin.

Darwin s’est beaucoup intéressé à ces mécanismes de physiologie végétale qui mettent en œuvre la mobilité. Après s’être consacré à partir de 1859 au sujet de la pollinisation, il a ensuite publié pas moins de trois livres sur la question du mouvement chez les plantes : Les Mouvements et habitudes des plantes grimpantes (1865), Les Plantes insectivores (1877), et La Force motrice dans les plantes (1880), livre capital qui a largement inspiré les recherches au début du XXe siècle et a débouché sur la découverte de l’hormone de croissance végétale – l’auxine58.

Le premier mécanisme décrit par Darwin consiste pour la plante à jouer les acrobates en s’allongeant. Comme le fait le chèvrefeuille des bois qui est considéré comme une liane avec ses tiges qui s’étire jusqu’à 6 mètres de long. « Cette mobilité nommée “circummutation” par Darwin résulte de variations successives des taux de croissance des différentes faces de l’organe59 », explique la journaliste scientifique Christine Dabonneville.

Le chèvrefeuille des bois est une plante grimpante dite volubile, c’est-à-dire qu’elle enroule sa tige autour d’un support. Cet enroulement correspond au deuxième mécanisme propre à toutes les plantes grimpantes : celui qui consiste à s’accrocher. « Si la tête chercheuse rencontre un obstacle, le mouvement se modifie et permet l’enroulement de la tige ou de la vrille autour du tuteur ou du point d’ancrage, observe Christine Dabonneville. Les vrilles sont donc sensibles au toucher. »

Le biologiste Guillaume Lecointre a apporté un éclairage intéressant sur cet enroulement dans un article publié sur son site Zoom Nature.fr60 : « Pour apprécier le sens de ce mouvement, il faut s’accorder sur les points de repère dans l’espace selon l’angle de vue : par convention, on se place au-dessus du support et on regarde en direction de la tige en croissance. Si l’enroulement se fait dans le sens des aiguilles d’une montre, on parle de liane dextrose (dextre, droite) ; pour l’inverse, on parle de liane sinistrose (sinistra, gauche). Tous les chèvrefeuilles grimpants sont dextroses, ce qui est assez rare dans le monde végétal, la majorité des volubiles étant sinistroses.



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