Les derniers frères by Dostie Pierre Alain

Les derniers frères by Dostie Pierre Alain

Auteur:Dostie, Pierre Alain [Dostie, Pierre Alain]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier & Polar, Meurtres, Crimes, Peur, Abus, Haine, Torture, Pédophilie, Violence, Homophobie, Enquête, Roman
Éditeur: Crescendo
Publié: 2022-02-18T16:14:45+00:00


JOUR TROIS

Dix heures ont passé et les revoilà au poste, sachant à quoi s’attendre. La routine. Les questions. Les réponses. Les questions sans réponse. Les démarches. L’entêtement. Les découvertes. Les changements. Avancer. Reculer. Bifurquer. Les nouveaux points de vue. Le doute. La réalité. L’acceptation.

Cependant, il y a quelque chose de différent ce midi dans la grande salle. Ils l’ont tous remarqué en entrant. La lumière. Le soleil semble défoncer les fenêtres tant il entre crûment malgré les fenêtres sales. La salle de réunion reprend vie, libérée des ombres crasseuses qui l’opprimaient et du crépitement des grêlons contre les vitres. L’atmosphère est légère, vibrante, sereine. Tout comme eux.

Ils sont tous présents et en bien meilleure forme. Ils ont passé une bonne nuit. Ils sont reposés, alertes, légers, blagueurs quoique nerveux parce qu’hésitants à conclure l’enquête. Ils n’aiment pas leur coupable. « Il n’a pas le type », se disent-ils à mots couverts avant la réunion.

—Qu’est-ce que tout bon enquêteur doit faire ? demande Lavery à la ronde.

—Suivre les indices, disent-ils tous en chœur comme des enfants d’école emmerdés de répéter la même chose.

Ils attendent Coureur qui doit passer à la morgue et rencontrer Langevin avant de les rejoindre au poste pour d’abord prendre connaissance de leurs rapports et ensuite convoquer la réunion de débriefing des événements de la vieille.

Ils sont prêts.

* * *

Tôt le matin ou tard la nuit, soleil ou pluie, la morgue et la salle d’autopsie ne changent jamais. La lumière du jour n’existe plus là où les morts règnent. Le même éclairage néon diffus sans ombre ni émotion est toujours de rigueur.

—Pas grand-chose à t’apprendre, dit Langevin.

Le corps de Curé est couvert d’un drap blanc jusqu’aux épaules. La tête, appuyée sur le support de tête, est relevée. La peau recouvrant le crâne est dépliée et le crâne découpé est vide. Coureur peut voir le cerveau de Curé sur la balance à organes, posé à côté de la table.

—Assoyons-nous, dit Coureur en s’éloignant de la table d’autopsie.

Il ne tient pas à voir la dépouille de Curé charcutée. Il excuse sa gêne en se disant convaincu que ça ne lui apprendra rien.

—Curé. Trois coups de couteau dont un au cœur, fatal. Aucun autre sévice. Tous ses organes sont typiques de ceux des sans-abri. Un foie durci presque noir, un cœur usé, poumons nécrosés, intestins finis, quelques chicots de dents, des plaies sur le corps, des squatters grouillant dans ce qui lui restait de cheveux. Quelques côtes fêlées il y a longtemps. On se demande comment il pouvait être encore en vie. La seule différence avec les autres SDF : aucune trace d’alcool.

—Des plaies sur le corps ?

—Aucune trace de violence. Des plaies dues aux conditions de vie. Dormir à même le sol, été comme hiver. Vêtements crasseux, infections, plaies. La négligence corporelle.

—Le cerveau ?

—Aucune marque de traumatisme.

Coureur prend un temps. Rien à tirer de l’autopsie, le corps de Curé ne lui apprendra rien d’utile sauf confirmer que sa mort n’était pas prévue au scénario, sinon le coupable aurait travaillé son corps comme il l’a fait pour la première victime.



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