Les Atypiques 2 by Camille Bouchard

Auteur:Camille Bouchard
La langue: fra
Format: epub
Tags: Sports, Loisirs, Amour, Amitié, Différence, Humour
Éditeur: Les Éditions Québec Amérique
Publié: 2016-01-13T00:00:00+00:00

Chapitre 12

Le terrible avant-centre

Il y a bien quelques « atypiques » qui lèvent les bras au ciel pour célébrer le point marqué par l’équipe adverse, mais, en général, tout le monde reste bouche bée devant l’adresse démontrée par le numéro 19 des Cailloux-de-Feu. Même les parents des joueurs de Grosse-Pierre.

— Ça… ça alors ! balbutie Pacifique en arrivant à ma hauteur. Tu as vu comment il m’a déjoué ? En se faufilant entre mes jambes !

— Ne t’inquiète pas, m’encourage Clarence en tapotant ma poitrine avec la paume de sa main. Tu ne pouvais rien faire, seul devant un attaquant. C’était encore plus difficile à arrêter qu’un tir de pénalité, ça !

Je sais qu’elle n’a pas tort. N’empêche ! Se faire enfiler un but, ce n’est jamais réjouissant pour un gardien. Mon cousin, qui joue dans une équipe professionnelle au Mexique, me l’a répété plusieurs fois au cours de nos récents échanges de courriels :

N’oublie pas, Iago, que nous, les gardiens de but, très souvent, en plus d’être le premier attaquant et le dernier défenseur, nous sommes laissés à nous-mêmes pour interdire le filet. C’est beaucoup de pression sur nos épaules. Il ne faut pas nous décourager lorsque, à la suite d’une erreur de nos coéquipiers, nous accordons un point à l’adversaire.

Les conseils et les encouragements de mon cousin me sont d’un grand secours depuis que j’ai décidé de m’inscrire dans l’équipe de Rivière-aux-Moustiques. Les années précédentes, je n’osais pas me prétendre joueur de soccer, car j’avais peur de les décevoir, lui et le reste de la famille.

Mais bon, comme m’ont dit mes parents au moment de mon inscription : « Ne cherche pas à faire la meilleure performance, Iago. Contente-toi de t’amuser. »

— J’ai mal joué, Iago, vient s’excuser Saad en me prenant par les épaules. C’était à moi d’aller assurer tes arrières, mais j’ai pensé que je pourrais arriver à temps pour tacler le ballon.

Je lorgne Gagnon à quelques pas de la surface de réparation, qui me fait un très vilain bras d’honneur. Deux de ses coéquipiers se contentent de m’envoyer une expression mauvaise. Pendant ce temps, les autres portent Bouchard en triomphe. Avec une moue, je réponds à Saad :

— Mais non, ça va. Tu as fait ton possible. Comme moi. Comme Pacifique. On a cinq points d’avance, on ne va pas se formaliser pour ce but.

Le jeu se poursuit.

Il ne faut pas plus de deux minutes au nouvel avant-centre des Cailloux-de-Feu pour monter une autre charge en compagnie de Gagnon et Tremblay qui complètent son trio. Proulx, un milieu offensif, est là aussi. Mais puisque M. Bolorsk nous a recommandé de jouer défensif, tous nos demis de terrain prêtent main-forte à Saad et à Pacifique pour freiner l’assaut.

Un botté-surprise de Bouchard entre les jambes de Pacifique – décidément, il doit moins les écarter – envoie le ballon dans la lucarne gauche de mon but.

La foule s’anime un peu du côté des parents de Grosse-Pierre. Le score est maintenant de six à deux.

À la trente-sixième minute de jeu, une autre échappée menace mon filet.

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