L'Elfe au dragon 06 Le crépuscule des magiciens by Ténor Arthur

Auteur:Ténor,Arthur [Ténor,Arthur]
La langue: eng
Format: epub
Tags: Jeunesse, fantasy
Éditeur: Seuil
Publié: 2010-10-14T07:35:11+00:00

Les jeunes débrouillards étaient loin de se douter qu’ils étaient à l’origine de ces événements qui avaient amené une partie de la population à se rassembler, sur l’esplanade d’Isuldain, dans l’attente anxieuse de nouvelles. Presque insouciants, ils patientaient au premier rang, non loin de la porte close du Palais. Le Magicien secrétaire était retourné dans sa voiture, dont il avait tiré les rideaux. Les Miliciens, qui tenaient les gens à distance du véhicule, étaient restés quasi immobiles. Mais il vint un moment où l’on sentit qu’ils commençaient à trouver le temps long. Pour chasser l’engourdissement, certains se mirent à marcher, main sur la garde de leur épée, toisant avec une fierté arrogante ces simples citoyens apeurés. C’est alors que l’un d’eux fronça les sourcils en apercevant un visage qui, sans qu’il puisse l’identifier, ne lui était pas inconnu. C’était un jeune homme brun, coiffé en arrière, vêtu d’une cape sombre jetée sur une tenue de voyage grise. Il semblait être avec un autre de son âge, un roux pareillement vêtu. Le garde soupçonneux les interpella d’un geste impérieux de l’index :

« Vous deux, là, approchez ! »

Orhass et Gastien se raidirent. Ils échangèrent un regard et la même moue fataliste, puis soudain firent volte-face et s’enfoncèrent dans la foule.

Avant peu, ils avaient semé le Milicien, mais l’alerte avait été chaude. Ils ne cessèrent de bousculer le monde et de se faire remarquer qu’une fois parvenus aux maisons de pierre blanche ou bistre qui bordaient l’esplanade. Ils s’assurèrent que plus personne ne les filait, puis se laissèrent aller au soulagement.

« Ouf ! C’était moins une ! souffla Orhass, une main sur le cœur.

— Ça réveille, hein ? renchérit son complice, que l’affaire avait plutôt amusé.

— Parce que tu trouves ça drôle ?

— Allons, du calme, mon frère. Ce n’est qu’une péripétie…

— C’est ça, mais qui va nous obliger à nous cacher ailleurs que chez notre brave Hortanzia, et à renoncer à son irrésistible chien grillé. »

Gastien perdit d’un coup son sourire. Finalement, l’incident n’était pas si excitant que cela.

« Pour une fois, tu as raison, approuva le jeune Lafouine. Allons récupérer nos affaires au Dragon d’or. Je connais un autre endroit où l’on mange mal et ne dort jamais autrement que d’un œil, mais on ne viendra pas nous y chercher, crois-moi. C’est dans le Carré des Fous, un des quartiers les plus mal famés d’Éa-Kyrion.

— Tant pis, ou tant mieux ! De toute façon, nous ne sommes pas appelés à y rester longtemps. »

Bras dessus, bras dessous, ils se hâtèrent de gagner la voie Kazar. En y pénétrant, ils eurent tous les deux le même réflexe de ralentir le pas. Quelques mètres après l’enseigne du Dragon d’or, deux types d’allure inquiétante semblaient faire le guet, l’un d’un côté de la rue, adossé dans l’encoignure d’une porte, l’autre assis en face sur une borne de pierre. Ils tournèrent la tête vers les garçons, quittèrent ensuite leur poste pour venir se planter au milieu de la voie, bras croisés, dans l’intention évidente de leur couper le chemin… puis le cou.

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