Le Trou de l'Enfer by Alexandre Dumas

Le Trou de l'Enfer by Alexandre Dumas

Auteur:Alexandre Dumas [Dumas, Alexandre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romans - Historique - Aventures
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


XXXIV

Deux engagements

Julius tressaillit, pâlit, se leva :

– On t’aurait outragée, Christiane, et tu ne me l’aurais pas dit ? Ne suis-je pas là pour te défendre ? Samuel, que dit-elle donc ?

Et le regard qu’il jeta sur Samuel brillait comme l’éclair d’une épée.

– Laissons madame s’expliquer, répondit paisiblement Samuel.

Et son regard, à lui, glaçait comme le froid de l’acier.

Christiane avait vu les deux regards se croiser. Il lui sembla que celui de Samuel était une lame et traversait Julius. Elle se jeta au cou de son mari, comme pour le protéger.

– Parle, reprit Julius d’une voix brève. Que s’est-il passé ?

– Rien, dit-elle éclatant en pleurs.

– Mais qu’as-tu voulu dire ? De quels faits as-tu voulu parler ?

– Je n’ai pas de faits, Julius, je n’ai qu’un instinct.

– Il ne t’a rien fait ? insista Julius.

– Rien du tout, répondit-elle.

– Il ne t’a rien dit ?

Elle répondit encore :

– Rien.

– Que disais-tu donc alors ? reprit Julius, heureux au fond de pouvoir rester l’ami de Samuel.

Samuel souriait. Après un silence, où Christiane essuya ses pleurs :

– Ne parlons plus de cela, dit-elle. Mais tu me disais tout à l’heure des choses très sensées. Tu te plaignais de ta solitude et tu avais raison. Un homme de ta valeur, Julius, est fait pour vivre parmi les hommes. C’est bon pour les femmes de n’avoir que leur cœur. Mais je saurai t’aimer, va ! je ne te veux pas absorber ! Je ne veux rien retirer de toi à ceux que tu peux servir ! Ne nous enterrons pas à perpétuité dans ce château ; nous y reviendrons quand cela te plaira, quand tu éprouveras l’envie de te reposer. Allons à Berlin, Julius, allons à Francfort, allons là où tu pourras exercer tes hautes facultés, là où tu te feras admirer comme tu t’es fait aimer ici.

– Chère petite, dit Julius en l’embrassant, que dirait mon père, qui nous a donné ce château, si nous avions l’air de le dédaigner ?

– Eh bien ! reprit-elle, sans quitter le château, nous pourrons du moins aller de temps en temps à Heidelberg. Tu m’as raconté souvent combien la vie d’étudiant était parfois animée et joyeuse. Tu la regrettes peut-être. Rien n’est plus facile que d’avoir un pied-à-terre dans la ville. Tu te retremperas dans tes études, tu reverras tes compagnons d’autrefois, tes fêtes, ta grande bibliothèque.

– Impossible, ma chère Christiane. Puis-je mener la vie d’étudiant avec une femme et un enfant ?

– Tu me refuses tout, Julius, dit Christiane, les larmes aux yeux.

Samuel, qui était resté à distance, s’approcha :

– Julius a raison, madame, dit-il. Le vicomte-châtelain d’Eberbach ne peut guère se refaire étudiant, et Landeck ne peut venir à Heidelberg. Mais voulez-vous qu’Heidelberg vienne à Landeck ?

– Que veux-tu dire ? demanda Julius.

– Je veux dire que madame est plus puissante que Mahomet et que la montagne peut bien faire tout le chemin vers elle.

– Je ne vous comprends pas, monsieur, dit Christiane.

Samuel reprit gravement et comme solennellement :

– Madame, je tiens à vous prouver que je suis tout vôtre.



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