Le trône des héritières by Solène Kate

Auteur:Solène Kate [Solène Kate]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: auto-édité
Publié: 2023-11-29T23:00:00+00:00

CHAPITRE 23

Il ne restait plus que quelques heures avant le début de la première épreuve.

Les Narrateurs, les Bardes, et les héritières étaient désormais réunis au pied du premier sommet du Mont Hélicon, dans le désert des Songes. Les déserts étaient des lieux sacrés à Antasion. En plein jour, en pleine lumière, les ombres n’avaient pas leur place. Le soleil, le Sorin, les chassait. Et la nuit la lune était d’ambre.

Une partie du peuple avait fait le déplacement jusqu’ici pour assister au départ. Enée ne se souvint pas avoir déjà vu autant de personnes à cet endroit.

La cérémonie de lancement allait bientôt commencer. Pour l’instant il ne s’agissait que d’une agitation désordonnée qui attendait de prendre forme.

Pénélope ne pourrait pas s’approcher d’Enée avant que l’épreuve ne soit lancée. Il y avait trop de monde et elles étaient toutes surveillées.

Des grains de sable pris dans un léger vent tournoyaient. Enée aurait voulu s’ensevelir. Allait-elle survivre ne serait-ce qu’une minute dans ce tournoi ? Il n’était pas mortel pour les autres. Elle était différente. Son secret pourrait bien être aussi aiguisé que la lame d’une épée qui transperce la chair.

Elle se triturait les mains, le regard perdu dans le vide. Comment se projeter dans le futur ? Seul l’instant présent avait de l’importance. Elle n’avait rien d’autre auquel s’accrocher. Juste les secondes qui s’égrenaient à ne rien pouvoir faire d’autre qu’attendre.

Elle croisa le regard de Pénélope, sa bouche s’était entrouverte comme pour laisser échapper des questions. Elle déglutit, tout en se détournant de l’héritière faisant mine d’inspecter les préparatifs.

Il y avait un secret plus grand que le sien, elle pouvait le sentir.

Il emplissait l’air, comme un brasier prêt à étendre ses bras de flammes.

Peut-être était-ce toujours la peur de Shira qui grandissait ces derniers temps à travers les terres Encraniennes et que cela en devenait presque palpable.

Ou bien l’angoisse du tournoi qui lui faisait perdre la tête.

Enée portait une longue tunique bleue maintenue à la taille par un ceinturon ocre qui lui permettait d’accrocher le fourreau de sa dague. Sur son buste était cousu une protection inspirée d’un coletin. Et les manches étaient renforcées au niveau des épaules. Ses bottes étaient de la même couleur que le ceinturon.

Harper et Jehona attendaient en retrait, en train de répéter leur prose, entourées des autres Bardes. Leurs capes flottaient autour de leurs chevilles. L’Académie était présente, avec Séraphine en première ligne. Les élèves de dernière année aidaient à la préparation. Les professeurs donnaient des indications. Enée portait une main à sa besace pour vérifier qu’elle avait bien emporté le journal. Elle fut rassurée quand ses doigts rencontrèrent le cuir de la couverture.

Les outils s’entrechoquaient pour terminer de monter l’estrade, les chevaux hennissaient, l’effervescence montait.

Enée sentit des frissons lui parcourir les avant-bras.

Les Bardes allaient suivre les héritières pour être au plus près de l’histoire qu’ils conteraient tous les soirs en faisant des détours par les villages environnants. Pénélope savait que le vrai tournoi se jouerait entre eux.

Les Bardes prirent place sur l’estrade, chaque duo de chanteur et musicien représentait une des Cinq Maisons.

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