Le testament de M. de Chauvelin by Alexandre Dumas

Le testament de M. de Chauvelin by Alexandre Dumas

Auteur:Alexandre Dumas
La langue: fra
Format: epub
Tags: Literature
Éditeur: eBooksLib
Publié: 2001-10-27T00:00:00+00:00


Chapitre VIII - Serment de joueur

C'était bien le marquis lui-même ; il serra tendrement les deux enfants, qui avaient poussé un cri de joie en le voyant, et il appuya sur la main de la marquise stupéfaite un baiser qui venait du coeur. - Vous, monsieur ! vous ! dit-elle, en s'emparant de son bras.

- Moi ! mais ces enfants jouaient ou travaillaient ; je ne veux pas interrompre l'étude, encore moins le jeu. - Ah ! monsieur, pour le peu de temps qu'ils ont à vous voir, laissez-leur tout entière la joie de votre chère présence. - Dieu merci ! madame, ils me verront longtemps. - Longtemps, jusqu'à demain soir, est-il vrai ? Vous ne repartirez que demain soir ?

- Encore mieux, madame.

- Vous coucherez deux nuits à Grosbois ? - Deux nuits, quatre nuits, toujours. - Ah ! monsieur, qu'est-il donc arrivé ? s'écria vivement la marquise, sans s'apercevoir de ce qu'une pareille surprise pouvait renfermer pour monsieur de Chauvelin de reproches sur sa conduite passée. Le marquis fronça un instant le sourcil, puis, tout à coup :- Est-ce que vous n'avez pas un peu prié Dieu de me ramener dans ma famille ? demanda-t-il en souriant.

- Oh ! monsieur, toujours !

- Eh bien ! madame, vous avez été exaucée ; il m'a semblé qu'une voix m'appelait ; j'ai obéi à cette voix.

- Et vous quittez la cour ?

- Je viens m'établir à Grosbois, interrompit le marquis en étouffant un soupir.

- Chers enfants, moi, tous les vassaux, quel bonheur ! Ah ! monsieur, permettez-moi d'y croire, laissez-moi cette félicité. - Madame, votre satisfaction est un baume qui guérit toutes mes blessures. Mais, dites-moi, vous plaît-il que nous causions un peu ménage ?

- Faites, faites, dit la marquise en lui serrant les mains. - Il me semble avoir vu de bien mauvais chevaux là-bas, au poteau de la demi-lune ; sont-ils à vous ?

- Ce sont les miens, monsieur.

- Des chevaux hors d'âge !

- Monsieur, ce sont les chevaux que vous m'avez donnés à la naissance de votre fils.- Ils prenaient quatre ans et demi ; il y a neuf ans, ce sont des bêtes de quatorze ans ; fi !... pour vous, marquise, de semblables attelages !

- Ah ! monsieur, quand je vais à la messe, ils trouvent encore le moyen de s'emporter.

- J'en ai vu trois, ce me semble.

- J'ai donné le quatrième, qui est plus vif, à mon fils, pour ses leçons.

- Du manège à mon fils sur un cheval de carrosse ! marquise , marquise, quel cavalier ferez-vous là !

La marquise baissa les yeux.

- Et puis, vous n'allez plus à quatre chevaux ? vous en avez huit, je crois, et deux de selle.

- Oui, monsieur ; mais comme, depuis votre absence, il n'y a plus chasse ni promenades d'apparat, j'ai pensé qu'une économie de quatre chevaux, de deux palefreniers et d'une sellerie, me donnerait six mille livres au moins par année.

- Marquise, six mille livres, murmura monsieur de Chauvelin mécontent.

- C'est la nourriture et l'entretien de douze familles, répliqua-t-elle.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.