Le suspendu de Conakry by Rufin Jean-Christophe

Le suspendu de Conakry by Rufin Jean-Christophe

Auteur:Rufin,Jean-Christophe [Rufin,Jean-Christophe]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction, Thrillers, General
ISBN: 9782081417410
Éditeur: Flammarion
Publié: 2018-03-26T22:00:00+00:00


VII

À l'hôtel, ils trouvèrent un message du commissaire. Il leur indiquait que l'entrevue avec Mame Fatim était autorisée. Jocelyne avait jusqu'à dix-huit heures pour se rendre au commissariat central. Ensuite, la jeune femme devait être transférée au tribunal pour être présentée à un juge.

— Je vous y fais conduire tout de suite, dit Aurel.

— Je voudrais que nous y allions ensemble, s'il vous plaît.

— Mais, je ne pense pas que le commissaire…

— Ne vous inquiétez pas. J'en fais mon affaire. Venez.

Aurel était bouleversé par ce nouveau signe de confiance. Il était clair, désormais, qu'ils menaient cette enquête à deux. Il se cala, tout ému, à l'arrière de la Clio. Seule ombre au tableau : il mourait de soif. Avec ces émotions, il aurait volontiers bu un grand verre de blanc bien frais. Il y avait pensé pendant le trajet vers l'hôtel. Maintenant qu'ils en partaient, il y pensait toujours.

Le commissariat était situé dans le centre-ville. Les trottoirs dans ce quartier étaient envahis par des étals sommaires et les marchands ambulants circulaient en brandissant des objets inattendus, du séchoir à cheveux à la panoplie de Spiderman, de la bouée pour enfant au kit d'outillage.

Aurel fraya un chemin à Jocelyne jusqu'à l'entrée. Deux policiers en faction les laissèrent passer sans rien leur dire. À l'intérieur, un dédale de petits couloirs, d'escaliers et d'ascenseurs leur permit d'accéder au secrétariat du commissaire Bâ, non sans avoir demandé leur chemin une demi-douzaine de fois.

Les hiérarchies administratives africaines ont leurs codes. L'un d'eux, le principal peut-être, est la température. Plus un personnage occupe une fonction importante, plus son bureau est réfrigéré. Dans les couloirs règne une chaleur qui ne vient pas seulement du dehors mais aussi des climatiseurs qui rejettent dans ces lieux, voués à la circulation des subalternes, l'air chaud extrait des bureaux. Jocelyne Mayères était en nage. Des auréoles de sueur assombrissaient son chemisier sous les aisselles et dans le cou. Aurel, toujours sanglé dans son imperméable, ressentait malgré sa résistance un léger malaise. Il n'eut pour effet que de faire perler une minuscule goutte sur sa tempe.

Enfin, ils pénétrèrent dans le secrétariat du commissaire. Deux femmes vêtues du même boubou d'un bleu profond tapaient sur des ordinateurs d'un modèle ancien. Un petit climatiseur abaissait la température de quelques degrés par rapport au couloir. Quand le commissaire, prévenu par leurs soins, introduisit les visiteurs dans son bureau, ils eurent tout à coup l'impression de changer de continent. Une bise glaciale traversait la pièce, crachée par les bouches grandes ouvertes de trois machines réfrigérantes.

Bâ était un homme de haute taille, élancé comme le sont souvent les Peuls. Il y avait dans sa personne une simplicité, on aurait même pu dire une limpidité, qui se reflétait dans le décor. La pièce était peinte en blanc, le bureau d'acajou vide de tous papiers. Aux murs étaient accrochés divers diplômes, issus des meilleures écoles de police, en France, aux États-Unis, au Qatar. Un drapeau guinéen flottait sur sa hampe, suspendu au mur par deux clous.

Le commissaire, qui, à



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