le sombre by James Herbert

Auteur:James Herbert [Herbert, James]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique et Terreur
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Bishop contemplait le visage exsangue et défiguré du docteur qui gisait au fond de la baignoire.

Au cours des dernières années, il s’était souvent entretenu avec Crouchley. Leurs conversations s’étaient limitées à Lynn, à ses progrès ou à ses rechutes, selon le cas, et toujours sur un plan strictement professionnel.

L’attitude du médecin était demeurée trop impersonnelle pour qu’il parvienne à l’apprécier en tant qu’homme. Mais en tant que médecin, il le respectait et il avait vite compris qu’il était passionné par ses patients. Et, en fin de compte, ils l’avaient tué.

Les deux soi-disant infirmières qui l’avaient accueilli étaient-elles des patientes ? Ou étaient-elles manipulées par Pryszlak, comme Braverman et sa femme? C’était plus probable. Une fois tombés sous l’emprise de leur folie diabolique, les malades avaient tué les membres du personnel qui avaient opposé une résistance; après ils avaient forcé Crouchley à appeler Bishop, puis l’avaient noyé.

La bouche du médecin était grande ouverte. Sous l’eau, ses cheveux blonds avaient foncé et ils flottaient comme des algues. Même mort, ses traits exprimaient la peur.

A présent, les aliénés tambourinaient à la porte, en hurlant son nom, en riant et le menaçant. La petite fenêtre grillagée se trouvant à hauteur de son visage, il put constater, comme il s’y était attendu, qu’il était impossible de l’ouvrir. Désespéré, il chercha autour de lui un objet pour la casser, mais les murs étaient nus.

La chaise ? Elle servait à retenir la horde. Les coups sur la porte devinrent soudain plus violents et plus précis, comme s’ils avaient reculé pour laisser l’un d’eux la cogner à coups de pied. La chaise se mit à trembler.

Quand Bishop découvre le porte-serviettes accroché au-dessus du radiateur, il a un faible espoir. C’est un tube en chrome et, en le décrochant, il se rend compte qu’il est assez lourd.

Le tenant à hauteur d’épaule comme un bélier, il fonce sur la fenêtre et la frappe de toutes ses forces.

La vitre se brise par endroits, mais le grillage ne bouge toujours pas.

Il recogne.

Les pieds de la chaise se déplacent légèrement.

Il cogne encore.

Les pieds glissent encore un petit peu.

Cette fois, le crochet situé à l’extrémité du tube s’emmêle dans le grillage. Bishop le tourne dans tous les sens pour mieux l’enfoncer, tire, tire jusqu’à ce qu’il cède un peu; puis il lâche le porte-serviettes, glisse ses doigts à travers les petits trous et, indifférent à la douleur qu’il ressent quand des fils s’enfoncent dans sa peau, il tire frénétiquement. La chaise tombe en raclant le sol. Bishop sent l’air froid s’engouffrer par l’ouverture qui s’élargit. Enfin, le grillage cède, saute de son cadre, mais la porte s’ouvre avec fracas. Il arrache le tout, oui, il a assez de place pour se faufiler… mais on l’attrape par les épaules.

Les déments le traînent sur le sol humide. Leurs hurlements qu’amplifié le carrelage des murs nus lui vrillent le cerveau. Il se débat, flanque des coups de pied en hurlant autant qu’eux. On l’écrase, on l’étouffe, il suffoque. Une main s’enfonce dans sa bouche grande ouverte pour lui arracher la langue.

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