Le Sexe et la Mort by Jacques Ruffié

Le Sexe et la Mort by Jacques Ruffié

Auteur:Jacques Ruffié [Ruffié, Jacques]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2014-07-19T22:00:00+00:00


Les mécanismes d’intégration sociale

Les primates présentent, de façon sans doute plus marquée que tout autre mammifère, cette impression de « parenté ressentie » qui leur donne le sentiment d’appartenir à une même famille, souvent bien au-delà du nucléus de base. Ces liens favorisent de multiples services et échanges. Toutefois cet « altruisme » n’a rien à voir avec une morale : il reste strictement utilitaire. Si les vieux sont assez bien tolérés dans la majorité des cas — leur présence constitue un avantage car ils augmentent, par l’étendue de leur expérience, la mémoire collective du groupe — ils ne sont pas particulièrement aidés et, devenus infirmes, seront abandonnés aux prédateurs. Il en est de même des malades ou des accidentés traités comme des fardeaux inutiles, dont on se méfie et que l’on délaisse. Bien que d’un point de vue anthropomorphique ce comportement nous paraisse exécrable, la sélection naturelle l’a retenu comme bénéfique, le malade constituant parfois un véritable bouillon de culture qui pourrait menacer de contagion le reste de la troupe. La « qualité » des populations sauvages, qui ne possèdent ni infirmiers ni médecins, a toujours frappé naturalistes et chasseurs. On l’attribuait naguère à l’influence d’une vie saine et au grand air. C’était la vision romantique du monde, qui s’imposa jusqu’à la fin du dernier siècle — et que l’on trouve encore chez certains écologistes. En vérité, la prédation nettoie en permanence tous les groupes vivants, et de façon impitoyable. C’est elle qui remplace l’hôpital et les pompes funèbres, inventions purement humaines. Dans la nature, seuls les bien-portants ont droit à la vie.

Les « gestes » d’intégration sociale concernent surtout les jeunes et la sexualité. Les jeunes font l’objet de soins attentifs : ils sont nourris, éduqués, protégés, non seulement par leur mère, mais par les adultes en général. Les « tantes » (sœurs de leur mère, ou plus souvent leurs propres sœurs aînées) coopèrent très activement à ces soins. D’autres femelles allaitantes les font volontiers téter si la mère est absente. Tout au long de cette période, les petits sont au contact étroit de leurs mères et des adultes ; c’est alors que se fait leur éducation. Ils apprennent de leurs aînés une quantité de comportements plus tard utiles dans la vie de tous les jours. C’est à ce sujet que l’on a pu parler de protoculture.



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