Le roi de la Havane by Pedro Juan Gutierrez

Le roi de la Havane by Pedro Juan Gutierrez

Auteur:Pedro Juan Gutierrez [Gutierrez, Pedro Juan]
La langue: fra
Format: epub


17

Le lendemain, Magda l’a réveillé trop tôt. Il faisait encore nuit et lui, comme toujours au réveil, il avait la pine raide et levée, anxieuse de trouver un trou où s’introduire pour cracher la purée en excès. Mais non. Elle ne lui a pas permis de se laisser aller.

« Allez, bouge-toi, autrement, dix heures vont sonner et tu seras toujours là. On baisera ce soir.

— Déconne pas, quoi ! Suce-la un peu, au moins.

— Si je la suce un peu, ça veut dire que je me la mets dans le cul toute seule. Hé, tu crois que je suis en fer ou quoi ? Allez, lève-toi et vas-y. Tu prends le bus jusqu’à la 51 et tu descends à La Polar.

— Oh, mais tu te prends pour un général de l’armée, aujourd’hui.

— Général mes fesses. J’en ai assez de ta fainéantise, voilà. Tu penses rien qu’à niquer. Le ventre vide mais la baise dix fois par jour. C’est impossible, ça. »

Il est arrivé à l’usine à sept heures, sans s’être lavé la figure ni avoir pris de café, très sale et bandant encore à moitié parce qu’il avait profité du trajet en bus pour se frotter contre le gros cul bien ferme d’une Noire. En le sentant faire, elle s’était cambrée en arrière et quand Rey était descendu sa bite était sur le point d’exploser, il en tremblait presque, ses bourses étaient douloureuses.

Il s’est présenté à un vieux type grand et massif, avec une tête d’ivrogne chronique. Ici, ils avaient tous l’air de soûlots mais celui-ci, particulièrement, semblait être né une bouteille à la main. Pas commun, le type. Il l’a jaugé de haut en bas, désapprobateur :

« C’est toi qui es recommandé par Carmelito ? Ah, ce pays est foutu, chaque jour un peu plus. Tout ce qui fonctionnait est allé au diable… Bon, suis-moi. »

Il l’a conduit dans un couloir, l’a fait entrer dans un bureau, lui a montré une chaise :

« Dès que la jeune fille arrive, tu lui donnes ta carte d’identité et elle te met dans l’équipe de l’entrepôt. Tu commences un mois à l’essai. Ne crois pas que c’est fixe.

— Non, non, c’est pas possible…

— Qu’est-ce qui est pas possible ?

— J’ai pas ma carte avec moi, là.

— Tu ne l’as pas là ni nulle part.

— Euh…

— Bon. Dans ce cas, tu traites direct avec moi. Entre nous. Ce sera meilleur pour toi. Je te file dix pesos par jour. De ma poche. C’est clair ? Et tu te la fermes. Tout ce que tu vois à l’entrepôt, j’ai dit “tout”, c’est pas tes oignons. T’as rien vu et t’as rien entendu. Pigé ?

— Oui, oui-oui-oui.

— Voilà. On y va. »

L’instant d’après, Rey charriait des caisses de malt et d’orge dans l’entrepôt. Il fallait les entasser sur des wagons électriques qui les emportaient à l’unité de fermentation. Pas difficile, le boulot. Tout seul dans ce hangar énorme. Le conducteur du train ne disait pas un mot. Au bout d’une heure, pourtant, la faim l’a saisi aux tripes et il est allé chercher le gros vieux.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.