Le Réglo by Pierre Véry

Auteur:Pierre Véry [Véry, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Quand Surlutz pénétra chez lui, le chat siamois vint se frotter contre ses jambes en miaulant.

L’homme passa distraitement une main sur l’échine de la bête.

Le chat miaula encore.

« Quoi ? Qu’est-ce que tu réclames ? »

Surlutz entra dans la cuisine. Jeanne n’était pas là. Sur le buffet, un paquet enveloppé de papier de journal. Le chat bondit sur une chaise, miaula plus fort.

« Elle ne t’a pas encore donné ta rate ! Pauvre ami... »

Le capitaine passa dans la salle à manger. Le couvert n’était pas dressé, la nappe n’était pas mise.

« Mais... »

Il tira sa montre, la replaça dans le gousset sans y avoir jeté un regard. Il appela :

« Jeanne ? »

Point de réponse. Il sortit de la pièce, se retrouva dans le vestibule.

« Jeanne ? »

Il ouvrit une autre porte, celle de la chambre de la jeune fille.

« Eh bien ! Jeanne ? Que se... »

La pièce était vide. Le capitaine murmura quelques mots inintelligibles puis monta l’escalier menant à sa propre chambre.

« Jeanne, que fais-tu là-haut ? »

Sur le seuil, il s’arrêta, étonné. Cette pièce, aussi, était vide.

« Où peut-elle être ? »

Le chat l’avait suivi et miaulait.

Surlutz grogna :

« Enfin, tout de même ! »

Il redescendit, lentement. Le chat fila devant, puis se retourna, le regarda arriver.

Surlutz revint à la chambre de Jeanne. Tout y était dans un ordre parfait. Machinalement, il ouvrit l’armoire : ses traits s’altérèrent. Les piles de linge étaient bouleversées. Il recula, s’en fut précipitamment écarter une tenture masquant un réduit. D’ordinaire, une valise se trouvait là... : elle n’y était plus.

« Oh !... Oh !... » murmura-t-il.

Dans la matinée, il avait eu un entretien avec sa fille. Longuement, il s’était efforcé de lui faire comprendre ce qu’était Rémi Berthet : un être faux, une âme vile. Jeanne n’avait rien répondu.

Elle feignait d’écouter, mais c’était à une autre voix qu’elle prêta l’oreille : à la voix du joli garçon murmurant : « Jeanne, je n’ai vraiment aimé aucune femme avant de vous connaître... Ne sentez-vous pas que je dis la vérité ? »

Surlutz passa une main devant son visage devenu extrêmement pâle.

« Est-ce que... C’est impossible ! Je deviens fou ! »

Un tremblement l’avait saisi. Il fit un pas, puis un autre, porta deux doigts à son faux col, étendit les bras et poussa un cri terrible :

« Jeanne ! »

Un peu courbé, il prêta l’oreille ; aucune réponse ne vint. Il s’assit sur le divan, tout au bord. Alors seulement, il aperçut une enveloppe mauve :

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