Le projet Hakana by Marin Ledun

Auteur:Marin Ledun [Ledun, Marin]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Anticipation, Littérature française
Éditeur: Rageot
Publié: 2023-05-15T00:00:00+00:00

Rapport d’enquête TR-ADN/RF-08.23677.1 Ministère des Armées – 25/03/2175. OPJ rapporteur : Enquêteur Principal Simon WEBER – Pôle France, Union des Républiques démocratiques européennes – ARCHIVES PROGRAMME TR-ADN-FRANCE. Extrait de l’interrogatoire de Lili Vetter, 18 ans, sentinelle no 7 de l’équipe terrain « Hakanā-1592.1 » – 17/03/2175 – Durée : 01:28’02’’.

LILI VETTER : Après la prise de pouvoir des deux militaires, Rim et le docteur Gauthier se sont enfuies et ont disparu. C’était la panique, Tim et Driss étaient fous ! Ils nous ont enfermés dans un haè, près de la plage de Vainahō, et ils nous ont interrogés à tour de rôle, jour et nuit, en nous menaçant physiquement si nous ne leur révélions pas où elles se cachaient.

SIMON WEBER : Vous l’avez fait ?

L.V. : Personne ne savait où elles étaient. Je veux dire : personne de l’équipe Hakanā. Même moi, sa meilleure amie ! Ça a duré trois jours. Trois jours sans dormir, enfermés, terrorisés, au régime sec, de l’eau et du mei fermenté. Tim et Driss nous harcelaient de questions pour que l’un d’entre nous craque. Nous ne les avions jamais vus comme ça.

S.W. : Vous n’avez rien tenté pour vous sortir de là ?

L.V. : Nous avions peur. Vraiment peur. Les adultes aussi. Ils ont bien essayé de discuter avec les militaires, en particulier le botaniste, Grégory, mais ça a mal tourné. Il leur a dit que personne n’allait l’empêcher de faire quoi que ce soit, surtout pas des militaires, et il a essayé de sortir. Alors ils l’ont roué de coups…

S.W. : C’est-à-dire ?

L.V. : Il pissait le sang ! Au crâne et à la pommette ; il avait des côtes fêlées et des hématomes partout, c’était horrible, genre comme si nous étions passés du paradis en enfer d’un coup. Plus personne n’a moufté après ça. Vous savez, Tim et Driss étaient armés. Ils se relayaient pour nous garder et nous interroger. Parfois, l’un d’entre eux sortait du haè puis revenait, une heure plus tard, sans explication.

S.W. : Que s’est-il passé au bout de trois jours ? Rim a réapparu ?

L.V. : Non, non… Le quatrième jour, Tim et Driss ont cessé les interrogatoires. D’un seul coup. Nous étions toujours enfermés, mais ils se contentaient de nous surveiller à tour de rôle, sans explication. Quelque chose les préoccupait, ils étaient nerveux, ils faisaient des messes basses… On s’est même demandé s’ils n’avaient pas fini par retrouver Rim et le docteur Gauthier et si elles n’étaient pas séquestrées quelque part, elles aussi. Quand je leur ai posé la question, Tim a eu un sourire glaçant et a dit un truc du style « Ne t’inquiète pas, gamine, on s’occupe d’elles. Après, ce sera votre tour… »

S.W. : Et les habitants ? Ils n’ont rien fait ?

L.V. : Les habitants… (Elle boit longuement avant de répondre.) On savait que cette situation ne pouvait pas durer éternellement. Je veux dire, bien sûr on était crevés, affamés,

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