Le projet Eden 01 Traquée by C.C. Darcq

Auteur:C.C. Darcq [Darcq, C.C.]
Format: epub
Éditeur: Rebelle Editions
Publié: 2017-12-13T00:00:00+00:00

On toque à ma porte, je manque de mourir de peur.

— Tu peux sortir, si tu veux, j’ai fini.

Va-t-il avoir du sang au coin des lèvres, ou sur les dents ? A-t-il léché le fond de son plat, comme le font les enfants trop gourmands ?

— Oui, je sors.

Il est retourné s’installer sur son fauteuil. Je constate alors que l’un des accoudoirs est en partie défoncé, il a dû l’arracher durant son injection. Je ne l’avais pas remarqué, j’étais trop obnubilée par… par… par…

— On va rester encore un peu ici, déclare-t-il. On est en sécurité, aucun Vorace n’est encore venu dans la gare.

— Ah ! Bien, bien, dis-je distraitement.

— J’aimerais me reposer, mais tu vas essayer de fuir, n’est-ce pas ?

Si je dis « non », je mentirais et il le sait. Mais si je dis « oui », je me sentirais trop honteuse. Après tout, jusqu’ici il a été charmant. Si on oublie qu’il me retient captive. Je crois que je développe le syndrome de Stockholm.

Nous sommes le quatrième jour, si je le quitte maintenant, je risque encore de passer trois jours et demi en compagnie moins charmante. Je préfère rester avec lui jusqu’à la fin et je m’enfuirai peu avant le buzzer final. C’est préférable que de risquer ma vie avec des Voraces, comme Luigi-le-fou, ou la désespérée Mélinda, dite la manchote.

Je plonge mes yeux dans les siens, j’y trouve des reflets noisette dedans. Je suis fascinée. Était-ce sa couleur avant de devenir Vorace ?

— Je ne fuirai pas. Vous pouvez vous reposer et si vous voulez en être sûr, attachez ma cheville à la vôtre. Je n’arriverai pas à défaire le nœud avec mon épaule en écharpe.

Je le vois hésiter.

— Non, je te crois. Au travail tu n’as jamais menti, même quand il s’agissait de situations délicates.

Je n’ai jamais connu situation plus délicate que de suggérer à son patron de s’attacher à lui pour dormir, mais bon passons.

— Juste quelques heures. Si tu entends quelque chose, tu me réveilles.

— Oui, pas de souci, monsieur Tornthon.

Je me demande si je dois lui souhaiter bonne nuit, ou si c’est trop déplacé.

— Stuart.

— Pardon ?

— Je m’appelle Stuart.

On se regarde. Est-il vraiment en train de me demander de l’appeler par son prénom ? C’est si familier, si… impensable, interdit. Pourtant, il m’offre une expression encourageante.

— Pas de souci… Stuart, je veille.

Stuart. Ce n’est pas le prénom le plus bizarre que j’ai entendu pour un Vorace. « Stuart » sonne si innocent, si doux, si gentil.

Stuart s’endort.

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