Le premier baiser - Tome 4 by Karine Glorieux

Auteur:Karine Glorieux [Glorieux, Karine]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Québec Amérique
Publié: 2014-11-17T05:00:00+00:00

Sex on the beach

Chloé nous avait donné rendez-vous dans la discothèque où son nouveau fiancé et elle s’étaient embrassés pour la première fois. Dès que j’y ai mis les pieds, j’ai senti que la soirée serait longue. Sur la piste de danse bondée, mes amis se déhanchaient avec entrain, comme s’ils s’apprêtaient à auditionner pour So You Think You Can Dance. Je me suis dressée sur la pointe des pieds à la recherche d’un grand Français, regrettant de n’avoir pas eu le temps d’aller chercher des escarpins après la fermeture de l’Azucar. Mais, même sans talons hauts, j’ai vite cons­taté qu’il n’y avait pas l’ombre d’un rasé en vue, à part le DJ, enfermé dans une cage vitrée et dont le crâne nu laissait paraître un tatouage – tête de mort ou rose des vents, allez savoir. J’ai fermé les yeux en implorant : « Florentflorentflorentflorent », comme si, en répétant son prénom, j’avais des chances de le voir apparaître à mes côtés. Évidemment, ça n’a pas donné de résultats plus concluants que pour la panne d’électricité.

Alors, à défaut de mieux, je me suis installée au bar.

Danser, ça n’a jamais été mon truc.

Pédaler, ça, oui. Je peux rouler très vite, même la nuit, même l’hiver, même après avoir consommé beaucoup plus d’alcool que la limite permise. Chanter, je peux aussi. En faussant, mais en faussant fort. Je suis pas mal au yoyo et, avec des patins, j’arrive à reculer. J’ai déjà gagné une médaille dans un concours de minigolf… quand je travaillais dans un centre pour personnes âgées.

Tout ça pour dire que j’ai certains talents sportifs.

Danser, par contre, j’en suis incapable. C’est comme s’il y avait une incompatibilité irréversible entre le rythme et mes muscles.

— On ne peut pas être bonne dans tout, me répétait souvent ma sœur à l’adolescence, lorsque j’essayais d’imiter avec elle les mouvements des filles de Bananarama dans le clip Venus.

— L’important, c’est que tu restes assise, me conseillait régulièrement Chloé à la même époque, quand nous sortions ensemble dans les 14-18 de Longueuil.

— Si quelqu’un te fait un commentaire, tu as juste à dire que tu as trop bu, avait suggéré mon frère après m’avoir observée me remuer le derrière de façon pitoyable dans un mariage.

Puis, il avait ajouté :

— Ou dis que tu as un problème de hanches.

Pas étonnant, vu les circonstances, que je n’aime pas les discothèques. Mais j’étais prête à faire de grands sacrifices pour les fiançailles de ma meilleure amie. Comme boire quelques verres toute seule au bar en attendant qu’elle s’essouffle. Quand elle est finalement revenue, j’en étais au troisième.

— Où est ton mari ? ai-je demandé.

Elle a jeté un coup d’œil à son téléphone, puis a haussé les épaules.

— Mon fiancé. Ce n’est pas pareil.

— Bah. Bague pour bague, je ne vois pas ce que ça change.

J’ai cru apercevoir une ombre passer dans son regard, mais elle l’a fait disparaître en esquissant un large sourire.

— Tu n’attendais pas quelqu’un, ce soir ? Vincent m’a dit que tu avais une date avec le grand chauve.

— La seule personne avec qui j’ai une date, chérie, c’est toi.

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