Le poney rouge by John Steinbeck

Le poney rouge by John Steinbeck

Auteur:John Steinbeck [Steinbeck, John]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


— Qu’est-ce qu’il y a de l’autre côté ? demanda-t-il un jour à son père.

— D’autres montagnes, je pense. Pourquoi ?

— Et de l’autre côté des autres montagnes ?

— D’autres montagnes. Pourquoi ?

— Et toujours d’autres montagnes derrière ?

— Ma foi, non. On finit par arriver à l’océan.

— Mais qu’est-ce qu’il y a dans les montagnes ?

— Rien que des précipices, des broussailles, des rochers, la sécheresse.

— Tu y as déjà été ?

— Non.

— Est-ce que quelqu’un y a déjà été ?

— Quelques gens, je pense. C’est dangereux, avec les précipices et tout ça. Tiens, j’ai lu qu’il y avait plus de territoires inexplorés dans les montagnes du comté de Monterey que n’importe où aux Etats-Unis.

Son père semblait fier qu’il en fût ainsi.

— Et à la fin, l’océan ?

— A la fin, l’océan.

— Mais, insista l’enfant, mais entre les deux ? Personne ne sait ?

— Oh ! il y a quelques gens qui savent, je pense. Mais il n’y a rien à y trouver. Et pas beaucoup d’eau. Rien que des rochers, des précipices et des épines. Pourquoi ?

— Ça serait bien d’y aller.

— Pour quoi faire ? Il n’y a rien là-haut.

Jody savait qu’il y avait quelque chose là-haut, quelque chose de secret et de mystérieux.

Il sentait en lui-même qu’il en était ainsi. Il dit à sa mère :

— Tu sais ce qu’il y a dans les grosses montagnes ?

Elle le regarda puis se tourna vers la chaîne sauvage et dit :

— Il n’y a que l’ours, je pense.

— Quel ours ?

— Eh bien, celui qui était monté dans la montagne pour voir ce qu’il pourrait voir.

Jody questionna Billy Buck, le valet de ferme, sur la possibilité d’anciennes cités perdues dans les montagnes, mais Billy fut de l’avis du père de Jody.

— C’est pas probable, dit Billy. Y aurait rien à manger, à moins que ce ne soit habité par une race de gens qui mangent des cailloux.

Ce furent là tous les renseignements que Jody put jamais obtenir et cela lui rendit les montagnes plus chères et plus terrifiantes. Il pensait souvent aux chaînes succédant aux chaînes sur d’innombrables kilomètres, jusqu’au point où on arrivait enfin à la mer. Quand les pics étaient roses le matin, ils l’invitaient parmi eux ; et quand le soleil avait disparu derrière la crête, le soir, et que les montagnes n’étaient plus qu’un désespoir violacé, Jody avait peur d’elles ; elles étaient alors si impersonnelles et si distantes que leur imperturbabilité même était une menace. Jody tourna la tête vers les montagnes de l’est, les Galipans ; c’étaient de gentilles montagnes avec des ranchs dans les creux et des pins sur les crêtes. Des gens habitaient là et des batailles avaient été livrées aux Mexicains sur les versants. Il regarda un instant les Grandes et frémit un peu du contraste. Au-dessous de lui, la cuvette où s’abritait son ranch, au pied de la colline, était ensoleillée et sûre. La maison étincelait de lumière blanche et la grange était brune et chaude. Les vaches rousses paissaient sur la colline voisine en s’avançant lentement vers le nord.



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